« Tu comprends, hm ? La crise ... gnagnagna ... actionnaires ... blablabla ... restructuration ... gningningnin ... sans rancune, hm ? »
Il avait osé... Je savais depuis toujours quel genre de type c'était, mais j'aurais jamais cru qu'il oserait me lourder, moi.
On l'avait montée ensemble, cette boite. Sans moi, il serait jamais arrivé à rien. Moi non plus, sans lui, j'aurais rien pu faire, mais jamais je l'aurais viré !
On avait toujours été un duo improbable, mais foutrement efficace... Moi le taiseux, discret et besogneux, lui l'ambitieux, bagarreur et sans pitié. Il a toujours eu les dents longues et pas grand chose de plus à faire valoir, mais alliées à mes compétences techniques, ça nous avait permis de bâtir un véritable empire. Et aujourd'hui il me virait. Sans rancune ?
Sans rancune.
Je l'ai invité à dîner... il est venu ce con. Je lui ai d'abord fait bouffer ma lettre de licenciement et mon solde de tout compte. Ça passait pas alors je lui ai débouché la tuyauterie au Destop. Il est mort... je savais pas trop quoi en faire alors je l'ai mis au congélateur.
Bon, sans lui, la boite s'est cassée la gueule, évidemment. Quand est venu le temps des vaches maigres... ben je me suis résolu à faire avec les moyens du bord. Il était toujours au congélateur. Je l'ai mangé.
J'ai pas trop aimé le goût du requin.
Y a kékunkimadi... pffff... encore une idée ? hm... ok, alors : « Le goût du requin ». Et voilà.