Non, je n’ai pas grossi, non. Je me surveille. Et je fais du sport. Oh non non non… je les vois venir tes sarcasmes ! Ma vie n’est pas que privations et efforts. Du tout du tout. Je me fais plaisir à table, mais je ne me goinfre pas. Et j’aime le sport. Ce qui me rend très différente de toi, oui. Forcément, vautrée à longueur de journée sur ton canapé à regarder des séries débiles en t’empiffrant de chips, tu ne pouvais pas non plus espérer rester jeune et belle très longtemps. Mais soyons honnêtes : tu n’étais déjà plus très affriolante avant de choisir de te laisser aller. Oui, oui, je sais... La grossesse, le corps déformé, torturé, massacré… oui oui. Et la déprime, je sais. Mais n’espère même plus me faire culpabiliser. Pas plus pour ta décrépitude que pour la ruine de ton couple. Des enfants, moi ? Allons… tu penses vraiment que je pourrais croire ne serait-ce qu’un seul instant que tu me souhaites autre chose que devenir comme toi ? Ne me prends pas pour plus stupide que je suis. De toute façon il n’est pas question que je coure le moindre risque. Ne souris pas, va, je ne parle pas du risque de perdre ma ligne. Encore moins du risque de perdre mon mari. Il n’y a bien que vous deux pour avoir des choses aussi abjectes à l’esprit. Le mien est normal. Il ne me délaisserait pas pour sa fille. En revanche, tu sais mieux que moi que le dernier avortement que j’ai dû subir s’est mal passé et qu’une nouvelle grossesse serait dangereuse : c’est toi qui as signé tous les papiers à l’hôpital. Avant de me ramener à la maison et de dire à papa de mettre une capote désormais. Alors non, je n’ai pas grossi, non, maman. Et tant que tu me feras l’affront de rester en vie, je me ferai un devoir de rester mince.
Inspiré par ce texte de monsieur maximus, lui-même inspiré par… oui, bon, ben allez voir chez lui, hein !