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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 01:10

 

Chaque départ en colo de ma fille est l’occasion pour moi de (re)découvrir à quel point tout le monde ne vit pas son rôle de parent comme moi. Et encore : je n’assiste qu’aux départs et aux retours, je ne veux pas savoir à quoi les animateurs peuvent être confrontés avant, pendant et après les séjours.

 

Il convient de préciser sans doute avant d’aller plus loin que je suis une extrémiste de la ponctualité et championne du monde de la culpabilité, ce qui, j’en conviens, peut créer quelques décalages entre moi et d’autres, sans que cela fasse de ces autres de mauvais parents pour autant. Toujours est-il que je suis quand même à chaque fois étonnée de voir des parents arriver avec leurs gosses en courant et quasiment jeter valises et mômes dans le train, sans prendre le temps (encore heureux !) d’un dernier bisou. Le plus surprenant, c’est que ce sont toujours ces derniers arrivés qui sont les premiers repartis sans, non plus, faire coucou à leurs enfants. Je ne dis pas qu’il est impératif de passer une demi-heure à secouer la main en attendant le départ et de continuer encore un peu en courant un cent mètres quand le train commence à partir – d’ailleurs les retardataires n’ont pas une demi-heure à consacrer à ça, ce joyeux plaisir est réservé aux gens comme moi – mais de là à larguer ses mômes sans un regard après leur avoir collé un bon coup de stress en arrivant in extremis, personnellement, je n’oserais pas.

Une fois, il est arrivé que je ne puisse pas voir ma fille au moment du départ du train – un importun ayant fait écran pile au moment fatidique – et, même si ça faisait vingt bonnes minutes au moins que je lui envoyais des bisous, j’ai culpabilisé quasiment jusqu’à son retour pour ce dernier coucou raté.

 

Après, il y a les parents qui ont oublié le pique-nique. Le truc qu’est marqué en gras et en rouge sur ta convocation, presque plus visible que l’heure de rendez-vous, mais la paperasse, c’est connu, ça ne sert à rien. Bon, là, ce qui est drôle, c’est de voir les papas oublieux (ceux qui ne sont pas, aussi, retardataires et qui peuvent donc tenter de se rattraper) se taper un sprint jusqu’à la boulangerie la plus proche pour trouver de quoi sustenter leur progéniture… mais ça, c’est pour ceux qu’une âme charitable aura rappelés à l’ordre à temps. Les autres laissent leurs gamins partir sans rien à manger que ce que les autres voudront bien leur donner. Ou leur vendre, si par chance leurs parents n’ont pas oublié l’argent de poche. Allez, bonnes vacances fiston.

Moi, une fois, j’ai oublié de donner un goûter à ma fille – et encore : ce n’était pas vraiment un oubli, je ne savais pas qu’il fallait que j’en donne un et ce n’était écrit nulle part – c’était il y a deux ans, et je m’en veux toujours un peu. Franchement, être attentif à ces petites choses, ça ne coûte pas grand-chose et c’est infiniment plus confortable pour les parents… si je ne le faisais pas pour ma fille, je le ferais pour moi.

 

Dans un autre genre, il y a les mamans qui pleurent. Franchement ? Entre celles qui partent avant le train sans vraiment dire au revoir et celles qui ponctuent leurs dernières recommandations de déchirants sanglots, je ne sais pas lesquelles sont les pires pour les enfants… Peut-être celles qui se trompent de jour ? Passe encore pour les parents qui sont déjà venus la veille et reviennent le jour J (avec un pique-nique rassis pour ceux qui ne l’ont pas oublié), mais ceux qui débarquent avec un jour de retard… ou ceux qui disparaissent avec leurs gosses entre le « pointage » et la montée dans le train : c’est pas étonnant, ça ?

Evidemment, au retour, les parents qui oublient de venir chercher leurs enfants méritent la palme, même si je ne suis généralement plus là pour la leur décerner : vu que j’arrive – pour le retour aussi – avec au moins ma traditionnelle demi-heure d’avance, je n’ai guère plus que la patience d’attendre que ma fille sorte du train et je ne fais pas de vieux os une fois que je l’ai récupérée.

 

Toutefois, le type de ce matin mérite le prix spécial du jury. Comme l’école, les colonies de vacances permettent de comprendre à quel point ce sont essentiellement les parents qui rendent certains métiers vraiment difficiles, et la démonstration du jour était édifiante.

Ce merveilleux papa, qui se montrait bruyamment très soucieux du bien-être de sa fille chérie, n’avait de toute évidence pas pris la peine de s’intéresser de près ou de loin aux vacances de sa descendance avant cette heure délicieuse qui précède le départ en colo, au cours de laquelle les animateurs doivent s’assurer que tous les gamins sont bien là, commencer à les mettre à l’aise tout en rassurant les parents et donner les indications nécessaires pour que la troupe au complet se retrouve dans le bon train au bon moment, le tout dans le joyeux bordel qu’on imagine au milieu d’une foule de gosses entourée d’une double foule de parents. Et c’est justement ce moment que le connard du jour a choisi pour (se) poser toutes les questions auxquelles tous les autres parents – s’ils en avaient eu besoin – avaient fait en sorte d’obtenir des réponses depuis belle lurette.

Mais le merveilleux papa avait sans doute été trop occupé et il harcelait donc au dernier moment, un à un, tous les animateurs : « Mais vous avez quel âge ? Il y aura des responsables plus âgés ? » - « Euh… je sais pas, demandez à la directrice. » - « C’est qui la directrice ? Elle ?! Mais elle est encore plus jeune que vous !... Et vous avez quelle formation ? Et des diplômes, vous avez des diplômes ? »… etc.

Et le tout, non pas simplement sur le ton de l’angoisse tardive, mais bien avec mépris et le message implicite « Mais qui êtes-vous pour prétendre veiller sur ma fille à ma place ? ». Bref : le type infect et, surtout, le stéréotype du mec qui a laissé sa femme s’occuper des vacances de la petite parce qu’il a mieux à faire que perdre son temps sur des questions aussi triviales, mais qui fait semblant d’être hyper concerné, le papa-poule de l’année, quand il a un public. Déjà ce genre d’attitude m’insupporte, mais alors assortie d’une telle condescendance, ça me fout hors de moi.

Malgré la gêne évidente de sa femme, la honte qu’aurait forcément ressentie sa fille si elle avait été un peu plus âgée, l’agacement grandissant des animateurs et les gros yeux des autres parents, il continuait, en rajoutant même avec maintenant des interrogations quant à la salubrité des locaux qui allaient accueillir son enfant. Il aurait probablement poursuivi en exigeant un contrôle technique du train, mais son téléphone a sonné et le bien-être de sa fille avant tout, mais c’est un appel important, je dois le prendre.

(Un dimanche matin. Sans déconner : qui reçoit des appels importants le dimanche matin ?!) 
Il s’est écarté, à peine, pas assez pour que l’excitation des gosses et le bruit des trains ne couvrent sa conversation, qu’il tenait, évidemment, à un volume suffisant pour que tout le monde en profite bien. Il était juste au bord de la voie d’à côté. Totalement absorbé par son appel. Tellement qu’il ne faisait attention ni à moi, ni au train qui entrait en gare.

 Mais pas un témoin ne pourra jurer m’avoir vue le pousser.

Non.

Il aura glissé, sans doute.

 

 

 

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commentaires

W
Du verglas au mois d'août ? Un micro-climat sans doute...
Répondre
P
<br /> <br /> Bah... y a plus de saison, que veux-tu que je te dise...<br /> <br /> <br /> <br />

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