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12 juillet 2009 7 12 /07 /juillet /2009 00:05


La peau de son visage était moite et paraissait plus pâle encore dans la pénombre de la pièce. Une mèche de ses cheveux blonds lui barrait la joue, collée par la sueur. Elle avait les yeux clos et sa bouche entrouverte émettait de petits gémissements, au rythme de sa poitrine ronde et lourde qui tressautait.

Elle avait ouvert les yeux, accroché mon regard et, dans un demi sourire, ses lèvres avaient formé des paroles silencieuses que je n'avais pas comprises.

Sous un nouvel assaut, elle avait alors poussé un petit cri en refermant les yeux et je n'avais pu réprimer un hoquet de surprise et de peur mêlées. L'homme s'était alors arrêté et m'avait regardé avec colère. Il s'était levé pour me repousser violemment hors de la pièce et avait claqué la porte. Elle avait ri. Puis les gémissements avaient repris.

 

Elle est morte quand j’avais quatorze ans, étranglée avec un de ses bas, probablement par un de ces types de passage qu’elle ramenait des bars où elle traînait la nuit. Son meurtre n’a jamais été élucidé.

 

Je n’ai jamais cherché à savoir ce qui avait pu se passer. J’avais toujours eu pour ma mère des sentiments extrêmement confus.

 

Ma première expérience avec une femme a été un peu tardive. Les filles que je côtoyais en cours ne m’attiraient guère et, à force de frustration et de gêne, j’ai finalement décidé de payer pour ma première fois.

 

J’ai choisi une femme blonde, pulpeuse et bien plus âgée que moi. Elle s’est montrée douce et prévenante. Elle m’a guidée en elle et a imprimé de ses mains sur mes hanches un rythme d’abord lent, puis de plus en plus rapide. Je la regardais. Je regardais son visage devenir moite, ses yeux fermés, le mouvement de ses seins et ses lèvres à peine entrouvertes qui émettaient des gémissements presque inaudibles. Elle m’a regardé. M’a souri. Je me suis retiré et suis parti précipitamment avant d’entendre son rire.

 

Elle a été retrouvée étranglée avec un bas quelques jours plus tard.

Ce n’est qu’après deux autres victimes de même profil, tuées selon le même mode opératoire, que la police a compris qu’elle avait sans doute affaire à un seul et même tueur.

 

A ce jour, personne n’a encore fait le lien avec le meurtre de ma mère.  



 

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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 19:01

 

« Tu comprends, hm ? La crise ... gnagnagna ... actionnaires ... blablabla ... restructuration ... gningningnin ... sans rancune, hm ? »


Il avait osé... Je savais depuis toujours quel genre de type c'était, mais j'aurais jamais cru qu'il oserait me lourder, moi.

On l'avait montée ensemble, cette boite. Sans moi, il serait jamais arrivé à rien. Moi non plus, sans lui, j'aurais rien pu faire, mais jamais je l'aurais viré !

On avait toujours été un duo improbable, mais foutrement efficace... Moi le taiseux, discret et besogneux, lui l'ambitieux, bagarreur et sans pitié. Il a toujours eu les dents longues et pas grand chose de plus à faire valoir, mais alliées à mes compétences techniques, ça nous avait permis de bâtir un véritable empire. Et aujourd'hui il me virait. Sans rancune ?


Sans rancune.


Je l'ai invité à dîner... il est venu ce con. Je lui ai d'abord fait bouffer ma lettre de licenciement et mon solde de tout compte. Ça passait pas alors je lui ai débouché la tuyauterie au Destop. Il est mort... je savais pas trop quoi en faire alors je l'ai mis au congélateur.


Bon, sans lui, la boite s'est cassée la gueule, évidemment. Quand est venu le temps des vaches maigres... ben je me suis résolu à faire avec les moyens du bord. Il était toujours au congélateur. Je l'ai mangé.


J'ai pas trop aimé le goût du requin.

 



 

Y a kékunkimadi... pffff... encore une idée ? hm... ok, alors : « Le goût du requin ». Et voilà.



 

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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 18:54


J'ai fermé les yeux. Laissé monter en moi la sagesse des ancêtres. La chaleur de la nuit africaine. J'ai arraché mes vêtements, déjà en proie à une transe hypnotique. Enfin, j'ai enfilé le masque et me suis adonnée tout entière, corps et âme, à la danse. N'étant plus tout à fait moi-même je me suis emparée du tam-tam et j'ai rythmé, presque avec sauvagerie, mes mouvements saccadés et désordonnés. Je ne sais pas à quel moment j'ai égorgé le poulet avec mes dents, mais je me suis réveillée nue, couverte de sueur, de plumes et de sang. Le masque, le tam-tam et le poulet gisaient au milieu de mes habits éparpillés.

Moi, les masques, ça m'a toujours fait cet effet-là.

C'est pour ça que finalement j'ai décidé de décrocher ceux qui décoraient les murs de mon salon. Quand je ramenais quelqu'un à la maison, c'était quand même toujours un peu la honte et puis le sang sur le tapis, ça m'a laissé des traces indélébiles.



Y a kékunkimadi... mmmmlala, encore une idée ? hm... ok, alors : « Moi, les masques, ça m'a toujours fait cet effet-là ». Et voilà.



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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 11:21
 

On pataugeait depuis un moment dans cette enquête. Trois cadavres. Trois jeunes femmes salement massacrées, un même mode opératoire, pas le moindre petit bout d'indice. Pour la plupart d'entre nous, c'était notre premier tueur en série et on craignait de voir débarquer les profileurs et autres criminologues spécialistes de ci ou ça si on trouvait pas vite fait quelque chose... Les gars commençaient à se décourager quand on a reçu l'appel du légiste.


La victime numéro 3 avait une clé dans l'estomac. Tout laissait supposer qu'elle l'avait avalée volontairement... pour nous laisser un indice ? Probable... De toute façon on n'avait rien de mieux à se mettre sous la dent, alors on a planché là-dessus... Une clé. Qu'avait-elle bien pu vouloir nous dire ?


- Peut-être que le tueur est nain ?

- Tu peux développer, Momo ?

- Ben... je sais pas, j'me disais... clé, gardien des clés, passe-partout, nain... Une idée comme ça, quoi...

- OK... quelqu'un d'autre ?

- Le tueur serait musicien...? proposa Michel.

- Hm... parce que...?

- Euh... ben... clé de sol, clé de fa, tout ça...

- Ah. C'est Momo qui te l'a soufflée celle-là ? Bon, sérieux les gars, qu'est-ce qu'elle aurait pu vouloir nous dire avec cette clé ?

- Un lutteur ! Clé de bras...

- Arrête Momo ! Allez, merde...

- Un serrurier ?

- ...

- Non ?

- Ben si. Tu vois Momo quand tu veux !


On tenait enfin quelque chose. On a monopolisé toute la brigade pour éplucher les casiers de tous les serruriers de la ville. Incroyable le nombre d'anciens cambrioleurs à qui on confie nos clés, d'ailleurs... Bref. Tous ceux qu'avaient un passé louche, on les a serrés pour une raison ou une autre. N'importe quoi du moment qu'on pouvait les avoir sous la main, les cuisiner et surtout les empêcher de nuire... Bon, y a bien eu un ou deux dérapages et quelques arrestations largement abusives, mais c'était pour la bonne cause. Les gars étaient remontés à bloc, notre serrurier sanguinaire allait pas nous échapper... Et puis y a eu cette fuite et la presse l'a surnommé le tueur en serrure...


C'est ce jour-là que les gars de la scientifique ont fini leurs analyses et nous ont confié la fameuse clé...


- Patron ?

- Momo ?

- Finalement je suis pas sûr pour cette histoire de serrurier...

- Mais si Momo, c'était une bonne idée !

- Oui mais bon... 'fin... Regardez.

- C'est quoi ça ?

- La clé.

- Tu veux dire LA clé ?

- Oui.

- Une clé de douze ?

- Hm...
- Et merde...




Ecrit pour le Défi du samedi sur le thème de la clé.


 

 

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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 22:15

La jolie fille à la tulipe

Boudeuse mordillait sa lippe

A sa fenêtre en rêvassant

L’œil sur un nuage fuyant

 

Parmi les bruits des feuilles au vent

Et des oiseaux virevoltants

Soudain un peu comme en sourdine

Elle entendit une comptine

 

Curieuse elle tendit mieux l’oreille

A ces jolis mots et merveilles

Plus qu’une comptine c’était

Un poème que le vent portait

 

Penchée à sa fenêtre elle vit

Le poète chanter sa vie

Et elle voulut l’entendre mieux

Voir son sourire et voir ses yeux

 

Devinant la belle séduite

Le poète grimpa bien vite

D’arbre en arbre de branche en branche

Vers sa douce et son aura blanche

 

Se penchant un peu plus encore

La belle bascula alors

Et tomba droit vers le poète

Qui vers elle levait la tête

 

Quand dans sa chute elle le croisa

Sur ses lèvres ses lèvres posa

Alors ensemble ils s’envolèrent

Et enlacés les cieux gagnèrent

 

On dit qu’ils ont rejoint ce lieu

Qu’on appelle terre des amoureux

 

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 21:30


Dès les premiers jours, nous savons tout ce qui est à savoir des autres passagers. Du moins tout ce que chacun veut bien dévoiler. Tout le monde se donne avec application un air affable, mais la tension est palpable. L’annonce était tout aussi énigmatique qu’alléchante, mais personne ne se fait d’illusion sur le genre de candidats qu’elle a attiré.

Ils gardent pour l’heure soigneusement leurs distances, se jaugent, se testent… moi je reste aussi impénétrable que possible. Je ne suis pas un cobaye. J’ai enquêté sur chacun d’eux scrupuleusement afin de percer tous leurs secrets. Ils ne doivent pas savoir que je sais tout ce qu’ils cachent. A part ce pauvre type qui a tout perdu à la suite d’une mauvaise passe alcoolisée, tous ont un casier à faire pâlir Al Capone et Jack l’éventreur réunis. Du moins tous devraient en avoir un, si ce n’était pas le chaos.

Cette fille chétive aux airs d’adolescente, par exemple… double meurtre. Sous l’effet de puissants psychotropes, certes, mais elle semble ne jamais avoir éprouvé le moindre remords depuis. Le gros type adipeux à l’air effrayé qui sue comme un porc : un pointeur. Arrêté une fois pour agression sexuelle sur mineur, relâché faute de place en prison. Me plonger dans sa vie est une des pires expériences que j’aie vécue. Le beau gosse qui a le mal de mer et vomit tripes et boyaux depuis trois jours au-dessus du bastingage, une petite ordure de la pire espèce. Dealer de crack à la sortie des écoles, il séduit les plus jolies et les plus accros de ses clientes pour les mettre sur le trottoir et leur démolit le portrait avec acharnement si elles refusent… parfois même si elles acceptent. La demi-vieille à l’air hagard, une pute soit disant au grand cœur. Elle élimine la concurrence, les beautés de l’Est, au coupe-chou dans les ruelles. Elle a survécu à trois macs et on dit qu’elle n’est pas étrangère à leur disparition. Le type entre deux âges aux airs de représentant de commerce a à son actif au moins douze meurtres. Des jeunes-femmes. Même type que la petite droguée. A surveiller.

Ils sont trente-cinq comme ça. Presque tous avec un pedigree de cet acabit. Outre un passé passablement chargé, ils ont en commun deux choses : le besoin de changer de vie et l’appât du gain. Ils comprendront petit à petit qu’un seul d’entre eux reviendra. Et encore. Je ne suis pas sûr du sort qui lui sera réservé. Je n’ai pas demandé.

Sous prétexte d’étude scientifique, ils vont les pousser à s’entretuer, s’entredévorer peut-être même, si tout se passe comme ils l’espèrent… Et les autorités acceptent ces expériences, trop contentes de se débarrasser des nuisibles à moindres frais. Quand plus aucune côte ne sera en vue ils couperont les moteurs. Et ils observeront. C’est immonde… moi je dois rester jusqu’à l’arrêt des machines, ensuite je dégage. Hors de question d’assister à cette horreur.

Pourquoi j’ai accepté le boulot ?

Le fric, tiens. Le fric.

 

 



Ecrit pour Kaléïdoplumes : écriture sur image + incipit : « Dès les premiers jours, nous savons tout ce qui est à savoir… » (Le huitième jour de la semaine, Christian Bobin).

 

 



 

 

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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 22:17


Oh non ! non, non !... pas encore ! C’est pas vrai… Oh quelle horreur ! Mais ça ne s’arrêtera donc jamais ! Mais qu’a-t-elle donc contre ces femmes ? Oh la la… Comment peut-on faire une chose pareille ? Comment y mettre fin ?

J’ai tout essayé… L’enfermement n’a servi à rien. Elle a toujours réussi à s’échapper, évidemment. Les drogues ont eu un effet catastrophique, sa rage n’en a été que plus terrible et elle s’est livrée aux pires horreurs quand j’espérais la contenir. La thérapie a été un fiasco, elle se fermait comme une huître et disparaissait pour ainsi dire dès qu’un médecin approchait. J’ai voulu la dénoncer, en désespoir de cause, mais elle me l’a fait payer très cher… J’ai eu beau essayer d’expliquer, les médecins n’en ont pas démordu : « tentative de suicide ». Du coup c’est moi qui suis une thérapie. Et dès que j’essaie de parler d’elle je la sens menaçante, pressante, mon crâne semble bouillir et prêt à exploser… La dernière fois que j’ai tenté de demander de l’aide, elle a réussi à me faire perdre connaissance. « Malaise vagal » qu’ils ont dit. Mon cul. Cette garce me contrôle complètement. Je suis incapable de la maîtriser. Je ne peux rien faire. Les journaux l’ont surnommée « la bête du sud-ouest parisien »… Je ne sais pas où elle puise la force pour faire ça. Moi j’en serais incapable. Evidemment que j’en serais incapable, je suis pas ce genre de monstre… mais même sans ça, physiquement, je n’aurais pas la force. D’ailleurs les flics cherchent un homme. J’essaie de leur laisser des indices sans qu’elle s’en aperçoive, mais du coup ils s’en aperçoivent pas non plus. Je ne sais plus quoi faire. J’en peux plus. Je devrais la tuer, mais même ça elle arrive à m’en empêcher. Il faut que j’arrive à la prendre par surprise. Demain j’essaierai encore. J’essaierai de me jeter sous le métro.



Ecrit pour les Impromptus littéraires sur le thème : "La bête".


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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 22:00

 

Cette affaire commençait à sentir mauvais… Seul indice tangible qu’on avait trouvé sur la scène de crime, une clé. Le couillon qui l’avait ramassée l’avait tripotée longuement avant de la filer à un autre couillon qui l’avait largement patouillée aussi avant qu’un troisième ait l’idée lumineuse de la glisser dans un sac, non sans y avoir préalablement généreusement laissé ses traces également… Autant dire que pour les empreintes on a fait chou-blanc. Mais restait la clé. Et une clé, ça doit forcément ouvrir quelque chose. Alors on avait tous planché sur la question et c’est Robert qu’a fini par y penser : une consigne. Vu le format de la clé, c’était plausible, et puis on aimait mieux cette idée-là que celle de Momo qui avait suggéré une boite aux lettres… C’était pas plus con mais on imaginait déjà le boulot pour essayer notre clé dans toutes les boites aux lettres de la ville… que des consignes, y en avait moins.

 

Alors on a fait trois groupes de trois pour optimiser les recherches, mais en fait on n’avait qu’une clé, alors du coup on n’a fait qu’un groupe de un. Comme c’était l’idée de Robert, c’est lui qu’est parti avec la clé et la lourde tâche de trouver un casier correspondant.

Ça lui a pris deux jours pendant lesquels on n’a pas chômé de notre coté. On a eu le rapport du légiste qui nous a donné du fil à retordre. La victime était une femme de sexe féminin, âgée de 40 à 45 ans, morte par strangulation à l’aide de ce qui semblait être un fin câble métallique et à qui l’assassin avait coupé les pieds post-mortem. Bon, tout ça nous avançait pas à grand-chose, vu qu’on avait bien vu qu’elle avait plus de pieds et qu’elle se les était sans doute pas coupés toute seule, mais ce qu’on n’avait pas pu deviner c’est qu’elle avait un pied-bot. On n’était pas trop sûr que l’information soit vraiment importante, mais on pouvait pas s’empêcher de se dire que si, peut-être, quand même.

 

Et puis les gars de l’équipe de nuit se sont pointés avec un de leurs dossiers sensibles : un homme de sexe masculin, âgé de 70 à 75 ans, mort par strangulation la semaine précédente, énucléé post-mortem. Il avait un œil de verre. Moi je voyais pas bien le rapport, mais Michel est parti d’un coup et il est revenu avec un autre dossier. Une jeune-fille de sexe féminin étranglée quinze jours plus tôt, à qui on avait découpé la bouche post-mortem. Elle avait un bec de lièvre. Tout le monde commençait à s’agiter et un des gars de l’équipe de nuit s’est souvenu de ce type de sexe masculin étranglé trois semaines plus tôt, à qui on avait coupé les deux mains post-mortem. En matière de victimologie, on n’est pas super pointu chez nous, mais là vraiment je voyais pas le rapport entre une femme d’âge mûr avec un pied-bot, un vieil homme borgne, une gamine à bec de lièvre et le type sans mains.

 

C’est là que Robert a appelé. Il avait trouvé la consigne. On a tous foncé à la gare et la trouvaille de Robert nous a pour le moins laissés perplexes. Dans le casier, y avait un sac qui contenait deux mains. Deux mains gauches. Il fut rapidement établi que ces deux mains gauches appartenaient à la victime de l’équipe de nuit.

 

Ainsi donc, cette clé trouvée sur notre scène de crime n’avait aucun rapport avec notre affaire. Pure coïncidence. Certes on avait complété la victime des collègues, mais on n’avait toujours pas les pieds de la nôtre et plus le moindre indice pour avancer.

 

Cette affaire commençait vraiment à sentir mauvais.

 

 

 

 

Y a kékunkimadi… une consigne pour demain ? hm… ok, alors : « TITRE : une consigne pour deux mains gauches ». Et voilà.

 

 

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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 23:24


… ce mur n'était pas là hier… ou bien ?… mais non, il n'y était pas ! Par où je serais entrée sinon ? bien sûr qu’il n’y était pas… d’ailleurs c’est pas un endroit pour mettre un mur, un encadrement de porte. N’empêche, il est bien là. Han ! Han ! Aïe !… Et solide, apparemment. J’arriverai à rien avec mes petits poings. Même très énervée.

Bon. Calme. Alors… La fenêtre. On est un peu haut, mais au moins je pourrai crier. Où elle est cette fenêtre ? Il fait sombre… ah ! Là… putain mais c’est quoi ça ? Murée aussi, la fenêtre ? Putain !! Non ! Bon. Calme. Il y a forcément une explication. Lumière. Tout paraît toujours plus flippant dans le noir. Alors… là. Ah. Evidemment. Pas de lumière. Bon… Alors. Réfléchis. Hier… oui, bon, dîner, télé, fatiguée, hmmmm bon, hop, au lit, dodo, réveil et… murs. N’importe quoi. C’est des choses qu’arrivent pas, ça, oh ! c’est n’importe quoi.

Bon. Calme. Téléphone ? Non, bien sûr, je l’ai pas là. Bon… ben je vais crier, hein.

 

Putain ! Avec le barouf que j’ai fait, si personne a réagi, là !… c’est peut-être une mauvaise heure. Les gens sont au travail. D’ailleurs il est quelle heure ? J’ai faim. J’entends rien. Même pas le bruit de la rue. Ça fait bizarre. Je sais pas quelle heure il est. Bon. Calme. Je vais attendre un peu et recommencer à crier. Tiens, m’allonger un moment, oui. Me calmer. Réfléchir. C’est n’importe quoi. Ça peut pas arriver des trucs comme ça. Calme.

 

J’ai dormi ? J’le crois pas, j’ai dormi ? Bon. C’était peut-être qu’un rêve à la con ! Ah ben oui !… Ah… ben non. Merde. Bon… Alors… Evidemment, si j’avais dormi à la cuisine… au moins j’aurais eu de quoi manger. Et puis des ustensiles pour l’attaquer, ce putain de mur. Mais non. L’a fallu que je dorme dans la chambre. Oui, bon, en même temps… Bien. Calme. Réfléchis. Il y a sûrement une explication logique et une solution simple.

 

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 

Aaaah… ça sert à rien mais ça défoule. Puis peut-être que cette fois quelqu’un m’aura entendue. Je vais taper sur les murs, tiens. Crier et taper partout. Ça me fera du bien, au moins. En attendant de trouver quelque chose de plus malin à faire.

 

Bon. Crevée, moi. Résultat nul. Mais j’suis crevée. Vais m’allonger encore un moment. Je sais pas quelle heure il est. J’ai super faim maintenant. Bon. Alors. Sont pas venus là tout seuls ces murs, hein. Alors… une blague ? Pourrie. Quelqu’un qui m’en veut ? Pffff… je suis bonne comme le pain, tout le monde le dit. Oh merde… c’est quoi ce merdier, putain ?! Oh la la… Calme. Il doit forcément y avoir une explication.

 

Oui. Bon. Ben explication ou pas, je vais pas rester là à rien faire, hein. Je vais crier. Encore. Et puis attaquer le mur. Oh ! j’ai un stylo dans la table de nuit… ça vaut pas une pioche, mais je crois que je trouverai rien de mieux ici. Allez. Trop la dalle. Peux pas attendre sans rien faire. Les gens vont bien finir par s’inquiéter mais d’ici là, faut que j’agisse sinon je vais devenir folle.

 

Pété mon stylo. Mal aux doigts. Fatiguée. J’y comprends rien. Pas des trucs qu’arrivent, ça. Calme… M’allonger un peu. KO. Comprends rien.

 

Oulla… mal à la tête. Toujours là les murs ? hm… Et pourquoi y a personne qui vient ? Allez. Crier. Gratter. Creuser. Taper. Faim.

 

Arraché tous mes ongles. Rien fait au mur. Vais mourir de faim. Sucé le sang au bout de mes doigts.

 

Epuisée. Gratter encore. Crier.

 

Vais mourir.

 

Comprends rien.

 

 

 

 

 


Y a kékunkimadi… ‘core une idée ? hm… ok, alors : « … ce mur n'était pas là hier… ou bien ?… mais non, il n'y était pas ! ». Et voilà.


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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 21:43


Ça recommençait ! ma main tremblait...

Ça ne s’arrêterait donc jamais. On croit qu’on peut redevenir maître de sa vie, c’est tout le propos de ces putains de réunions, mais c’est du flan. On peut jamais redevenir comme avant. D’ailleurs pour la plupart on sait même plus comment c’était avant. Et puis avant, c’était jamais que le cheminement pour en arriver là et c’est pour ça qu’on a fini par vouloir oublier.   

C’est une sacrée belle bande d’hypocrites tous ces beaux parleurs avec leur putain de programme en douze étapes. Des années que j’ai même plus senti l’odeur d’une goutte d’alcool et j’en suis toujours au même point. Ça s’arrêtera jamais.

Je me suis sortie de tout le reste, pour y arriver. Le trottoir, mon mac, les flics véreux qui te foutaient une branlée si tu leur refusais une passe à l’œil, les autres filles et toute la misère qu’elles traînaient… tout. J’ai tout lâché. Evidemment, y a un prix à payer. Et le prix, c’est ce boulot pour Valons.

Il est ni pire ni meilleur qu’un autre, mais il m’a sortie du caniveau et sa protection vaut toutes les assurances du monde pour une fille comme moi. Alors son boulot, je vais le faire. Je peux pas me permettre de le foirer. Mais faut que ma putain de main s’arrête de trembler comme ça.

Evidemment, si je buvais un verre, ça passerait illico… mais Valons a été clair là-dessus : ni drogués ni alcooliques dans mes rangs. S’il me voit en crise ou si je replonge, c’est retour à zone-la-ville et je me donne pas deux jours avant qu’on me retrouve en morceaux dans une poubelle pour l’exemple. Alors faut que cette putain de main arrête de trembler, que mon gogo sorte de là, que j’en finisse avec ce boulot et que je fonce me planquer dans ma turne le temps que cette foutue crise passe. Demain j’irai à une réunion.

Allez. C’est pas méchant ce soir. Repérer le gus, l’accoster, l’aguicher et l’attirer derrière le bâtiment de briques rouges où Valons et ses gars seront là pour le cueillir. J’ai fait ça des milliers de fois. Toujours bourrée, mais dans le fond ça change pas grand-chose. On est ce qu’on est, l’alcool ça sert juste à supporter.

Ma main a l’air de s’être calmée. Je devrais faire quelques pas histoire de voir si je tiens encore bien sur mes quilles, mais je peux pas risquer de me faire repérer. J’ai la bouche sèche et je commence à avoir mal au crâne. A quoi ça sert d’arrêter si c’est pour sentir encore plus mal après…  

Faut qu’il se magne, mon pigeon.

Faut qu’il se magne.

 

 

 

 

Y a kékunkimadi… tu veux une idée ? ok, alors : « Ça  recommençait ! ma main tremblait… ». Et voilà.

 

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