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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 00:13


La première partie, c'est ici.

 


 

 

Il avait l’air tellement content que je sois là, j’ai pas eu le cœur à lui dire que j’avais l’intention de la vendre, la maison. Il m’a fait monter dans une antique 4L, on voyait la route à travers le plancher, et il m’a fait la conversation pendant tout le trajet. J’écoutais d’une oreille et j’appréciais le paysage. Je regrettais presque de n’être pas venue plus tôt. Vallonnée et verdoyante, la campagne était magnifique. On traversait des villages plein de charmes et je me surprenais à penser que je pourrais peut-être envisager une nouvelle vie, ici. On est entré dans un grand parc et Jojo a dit :

-          Nous y v’là, l’artiss’ ! Alors ?

-          C’est laquelle ?

-          Laquelle quoi ?

-          Maison. C’est laquelle ?

-          Ah ! Ben toutes !

-          Quoi ?

-          Toutes ! Pis ça c’est vot’ parc.

-          Sans déconner ?

-          Ben vous vous attendiez à quoi ?

-          Pas à ça…

En guise de maison, le Tonton m’avait donc légué un genre de manoir somptueux et au moins trois… dépendances, pour ce que j’en voyais depuis l’allée. Je suis descendue de la voiture et je regardais ce qui était donc ma maison quand Jojo m’a tirée de ma stupéfaction d’une bourrade.

-          C’est coquet, hein, l’artiss’ ?

-          Aïe. Oui, plutôt, oui. Qu’est-ce qu’il y dans les petites maisons ? Enfin… les autres maisons, quoi…

-          Ah ben celle-là, à gauche, là, c’est celle qu’il habitait, en fait, le Tonton.

-          Ah ?

-          Ouais. Et pis derrière, la grande, c’est son atelier…

-          Son atelier ?

-          Ben là où c’qui f’sait l’artiss’, quoi.

-          Ah…

-          Et puis la p’tite à droite c’est pour les amis.

-          Il recevait souvent ?

-          Jamais, mais il la louait aux touriss’.

-          Ah d’accord.

-          Derrière, dans la cour, y a les anciennes écuries…

-          Y a encore des trucs derrières ? Vache ! Bon… et il faisait quoi de la… du… manoir ?

-          Ben c’est l’musée ! C’est vous qu’allez vous en occuper, maint’nant, d’son musée ?

-          Son musée ?

-          Ben oui, c’est pour ça qu’y v’naient, les touriss’, hein, pas pour mes beaux yeux ! Ah ah ah !

-          Et y a quoi dans ce musée ?

-          Ah ben ça, ma p’tite, j’en sais foutre rien !

-          Ah bon ?

-          Visites privées seulement, sur rendez-vous et tout l’toutim ! Pas un truc pour nous aut’ de la campagne ! Pis entre nous, moi, la culture, c’est plus dans les champs, hein ! Ah ah ah !

-          Hin hin. C’est vous qui avez les clés, donc ?

-          Ah ! Oui, bien sûr. Alors dans la maison du Tonton j’vous ai r’mis l’chauffage hier, hein. Pis y a des trucs dans l’garde-manger. Mais l’musée j’ai pas la clé alors j’y ai rien fait... Mais vous allez vous en occuper, hein, l’artiss’ ? Nan pass’que j’ai beau êt’ pas bien malin, moi j’dis qu’un musée ça doit pas dormir trop longtemps. Les trucs d’art c’est fait pour qu’les gens les voyent. Là ça fait un moment qu’y a personne qu’est v’nu… Faut dire qu’vous avez mis l’temps à vous radiner, hein ?

-          C’est que le notaire a…

-          Ah ah ! J’vous fais marcher, ma p’tite, va ! J’sais bien qu’vous aut’, à la ville, z’avez jamais l’temps de rien…

J’ai pas insisté. J’ai pris les clés, il a mis encore un moment à m’expliquer comment marchait ci et ça, tout juste s’il ne m’a pas expliqué comment allumer la lumière avec l’interrupteur, et je me suis enfin retrouvée seule dans… ma maison.

Le mobilier et la déco étaient assez spartiates, mais pour un intérieur de vieux bonhomme célibataire c’était plutôt bien tenu. Et grand. Un palace à mes yeux et ce n’était que la « petite maison ». Il me tardait de découvrir le fameux musée… d’abord pour voir ce manoir de l’intérieur et puis parce que cette histoire de musée « sur rendez-vous » m’intriguait.

J’ai farfouillé un peu partout dans la maison et j’ai fini par trouver un tiroir plein de clés. Mais pas la moindre étiquette. J’avais de quoi m’occuper un moment… J’ai rempli mes poches avec et je suis allée au manoir. J’ai bataillé un moment avant de trouver la bonne clé, mais j’ai fini par réussir à entrer. Il avait raison le Jojo, un musée ça doit pas dormir trop longtemps… celui-ci avait effectivement beaucoup trop dormi : il y régnait une odeur écœurante. Je suis ressortie aussi sec. Encore un truc de la campagne, sans doute… parce que même fermé pendant longtemps, jamais un appart’ ne pue autant ! J’ai pris une grande goulée d’air et j’y suis retournée pour ouvrir autant de fenêtres que possible avant de ressortir. En attendant que ça devienne respirable, j’ai fait un petit tour de la propriété. Ma propriété. Je n’arrivais toujours pas vraiment à y croire. Je me disais qu’il y avait sûrement un truc qu’allait clocher. L’endroit était incroyablement beau, la vue splendide et oui, définitivement, je pourrais vivre ici ! J’étais plutôt une citadine et là j’étais vraiment loin de tout et je savais même pas exactement où – j’aurais été bien emmerdée pour situer l’endroit sur une carte – mais oui, sans le moindre doute, je pourrais vivre dans ce trou. Je suis retournée dans le manoir, l’odeur s’était bien atténuée, et j’ai exploré l’endroit.


 

 

A suivre…


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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 00:12

 

Quand mon grand-oncle est mort, j’ai été la première étonnée d’apprendre qu’il m’avait choisie pour hériter de sa maison. Du strict point de vue généalogique, il avait un paquet d’autres héritiers bien plus proches que moi. Quand j’ai su qu’en plus j’étais la seule à hériter parce que cette maison était tout ce qui lui restait, je me suis vraiment posé des questions. Je savais bien qu’il n’avait pas trop la cote dans la famille, au moins autant à cause de ses excentricités que parce qu’il faisait tout son possible pour qu’on lui foute la paix, mais de là à ne garder que moi sur son testament… J’essayais de me souvenir de moments particuliers qu’on aurait pu partager lui et moi et qui aurait pu créer une sorte de lien privilégié entre nous, même si ce privilège m’avait échappé à moi, mais je ne voyais pas. A croire qu’il n’aimait vraiment pas les autres. Ou qu’il était bien meilleur qu’on le disait et m’avait choisie moi parce que j’étais celle qui s’en sortait le moins bien financièrement. De toute façon les autres semblaient s’en foutre : le notaire a mis un temps fou à me retrouver et il a semblé dire que la plupart des autres prétendants potentiels à cet héritage étaient soit morts soit encore plus introuvables que moi. Comme modèle de famille unie, on se posait là.

Le train n’allait pas tarder à arriver. Je devais retrouver un certain Jojo. Le notaire m’avait donné ses coordonnées en me disant qu’il s’occupait de la maison de mon oncle et qu’il me donnerait les clés et me dirait tout ce dont j’avais besoin pour « ouvrir la maison ». Un truc de la campagne, ça, quand on a besoin d’autre chose que tourner la clé dans la serrure pour ouvrir une maison.

-          Et c’est Jojo comment ?

-          Ah, euh… Jojo, c’est tout.

-          Jojo ?

-          Jojo, voilà.

Une chance, le Jojo n’avait pas de nom, mais il avait le téléphone, alors je l’ai appelé pour lui annoncer ma venue.

-          Ah ! Enfin, la p’tite artiss’ !

-          Pardon ?

-          Bah oui, vot’ Tonton, là, il parlait que d’ça tout l’temps ! Sa p’tite nièce artiss’…

Allons bon. Un grand-oncle que je n’avais plus vu depuis probablement une décennie parlait de moi comme d’une artiste à un… Jojo. Pas que j’aurais pas voulu l’être, artiste. Au contraire. J’avais tout fait pour. Etudes, voyages dans le monde entier pour apprendre d’autres savoir-faire, tout juste si j’avais pas fait la pute avec des artistes reconnus pour m’ouvrir les portes des galeries… mais au final c’est surtout en enchaînant les petits boulots que je m’en sortais. Et encore, à peine. Cet héritage était une aubaine : en revendant la maison je pourrais peut-être au moins payer mes dettes.

J’ai tenté de dissuader Jojo de venir me chercher à la gare, mais il n’a rien voulu savoir :

-          Et comment c’est qu’vous allez v’nir, hein ?

-          Je prendrai un taxi.

-          Ah ah ! Faites donc pas vot’ parisienne, va ! J’viens vous chercher et pis c’est tout !

Je n’ai pas eu de mal à le reconnaître dans le hall de la gare : il portait une affichette avec écrit dessus mon nom, en gros, d’une écriture appliquée d’enfant, ratures comprises. Il s’était plaqué les cheveux sur le coté et ressemblait à un premier communiant. A ceci près qu’il affichait bien 70 ans et devait peser 120 kilos au bas mot. Je suis allée vers lui :

-          Monsieur… Jojo ?

-          M’sieur Jojo ? Ah ah ! Elle est bonne celle-là ! M’sieur Jojo… Bien un truc de la ville, ça ! C’est Jojo tout court, ma p’tite, d’accord ?

-          Euh… oui, d’accord, pardon.

-          Ça doit vous faire bien plaisir de rev’nir, hein ? Enfin… j’veux dire, c’est triste pour l’Tonton, hein, mais la maison…

-          En fait je ne suis jamais venue.

-          C’est pô vrai ? Z’êtes jamais v’nue voir vot’ Tonton ici ?

-          Ben non. C’est que je ne l’ai pas vu lui non plus depuis assez longtemps.

-          Ah ça, je sais oui. Il en parlait souvent…

-          Ah ?

-          Oui, mais allez, laissons les choses triss’ pour les moments triss’ et v’nez découvrir vot’ nouvelle maison !

 

 

 

A suivre…

 

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30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 12:00


Le premier épisode,
c'est là .


 

J’avais déjà un bon gros tas de volailles mortes et toujours pas l’ombre d’une idée quand un pigeon est venu se poser sur les cages. Puis un deuxième. Et un troisième. J’ai regardé Nina qui m’a répondu en haussant les épaules :

-          Ça doit être les derniers qu’il a lâchés.

-          Mais il les lâche d’où ?

-          J’en sais rien, moi.

-          Et il en lâche souvent ?

-          Tout le temps. Il est jamais là. Il emmène ses pigeons je ne sais où et il revient les attendre. Il fait que ça tout le temps.

Je comprenais de moins en moins comment la jolie Nina avait pu s’amouracher de ce type. Et l’aimer encore, qui plus est. Les femmes resteraient probablement toujours un mystère pour moi. Mais pour le moment c’était les secrets des volatiles que j’avais besoin de percer. Une chance, les bestioles étaient pas farouches et j’ai pu en attraper une, au prix d’à peine quelques coups de bec timides. Mais ni Nina ni moi ne savions comment nous y prendre pour défaire la bague. Les bagues : il y en avait deux, une petite et une plus grosse. Nina reconnaissait la petite, mais n’avait aucune idée de ce qu’était la grosse. On a bataillé un moment pour réussir à les détacher et j’ai compris le pourquoi des pattes coupées quand j’ai eu moi-même envie d’arracher celle de mon pigeon. Mais je voulais pas passer pour une brute aux yeux de Nina. Quand on a finalement réussi, on s’est aperçu qu’il n’y avait qu’un numéro de téléphone, que Nina ne connaissait pas, sur la petite bague. La plus grosse semblait être un genre d’étui. Qui a commencé lui aussi par me résister quand j’ai essayé de comprendre comment il s’ouvrait, mais je me sentais moins tenu de m’faire passer pour un tendre alors je l’ai éclaté d’un coup de poing. Et parmi les petits éclats de plastique s’est répandue une fine poudre blanche. Nina m’a regardé d’un air perplexe. Je savais pas quoi en penser. J’ai demandé :

-          T’as pas idée de c’que c’est ?

-         

Même air perplexe, sourcils un peu plus relevés. J’ai trempé mon doigt dans la poudre et j’ai goûté par acquis de conscience, mais je savais déjà :

-          Héroïne.

-          Hein ?

-          Héroïne.

-          Comment ça ?

-          Ben… la poudre, là, c’est de l’héroïne.

-          Ben non.

-          Ben si.

-          Ben qu’est-ce qu’elle fait à la patte d’un pigeon de mon…

-         

-          Merde.

-          Ouais.

-          Tu crois que… ?

J’ai senti venir une nouvelle embrassade en voyant son menton commencer à trembler, mais elle s’est reprise assez vite :

-          C’est pas possible…

-         

-          Qu’est-ce que t’en penses ?

-          Rien pour le moment. Je vais passer deux trois coups de fil et je reviens, OK ?

J’ai appelé les copains des stups et je leur ai demandé si le marché de l’héro était toujours aux mains du vieux Sam et sa clique. Ils m’ont expliqué qu’une grosse part du marché avait été raflée par un nouveau réseau qui transitait par l’Espagne. Apparemment les gars de Sam étaient presque tous disposés à jouer les indics pour faire tomber la concurrence et calmer Sam qui fulminait et commençait à menacer sérieusement ses troupes, mais personne savait rien sur rien. Un mystère. Le passage de la frontière espagnole avec la came relevait du miracle.

Moi j’avais mon idée. J’en connaissais un qu’allait tomber de haut en apprenant c’que traficotait son couillon de gendre colombo-bidule ! Je suis retourné chez Nina et je l’ai trouvée pâle et au bord de l’évanouissement. Elle m’a conduit de nouveau sur le toit et m’a montré une cage dans laquelle un pigeon roucoulait peinard. Je me suis approché et j’ai vu qu’il avait un truc accroché à sa patte :

-          Encore un qu’est revenu ?

Elle a hoché la tête. J’ai continué :

-          Y en a eu beaucoup ?

-          Seulement deux… celui-là et…

-          Merde ! T’as vu… ?!

Oui, elle avait vu. C’est pour ça qu’elle avait l’air d’avoir vu un fantôme. Ce putain de pigeon avait un œil accroché à sa patte. Un putain d’œil humain !

-          Merde… et t’as dit qu’y en avait un autre ?

-          Oui.

Elle m’a montré le pigeon en question. Il avait une bague à la patte. En or.

-          C’est…

-          Son alliance, oui. Y avait ça avec.

Elle m’a tendu un petit bout de papier en même temps qu’elle s’est remise à pleurer. Je l’ai reprise dans mes bras, mais j’étais moins à ce que je faisais et j’ai lu en même temps le message. Illisible en fait. Il était rédigé en mauvais espagnol ou, pour être exact, en mauvaise imitation d’espagnol. A peine assez bonne pour convaincre Nina qu’en parlait pas un mot. Je lui ai expliqué le trafic probable auquel se livrait feu son couillon de mari. Elle a pâli encore un peu, j’aurais pas cru ça possible. Et sa réaction m’a étonné :

-          C’est ses fournisseurs espagnols qui l’ont tué.

-          Ben en fait, tu sais, le message…

-          Faut surtout pas que Papa apprenne ça.

-          Qu’il est mort ?

-          Qu’il trafiquait sur son terrain !

-          Tu vas pas prévenir la police ?

-          Pour qu’on me croie complice pour la came et que Papa m’en veuille à mort d’avoir installé la concurrence au sein de la famille ? Ben voyons ! Dis rien, je t’en supplie. T’as qu’à dire à Papa qu’il est juste parti avec une autre ou n’importe quoi… S’il te plaît !

Elle a su user d’arguments convaincants en se recollant contre moi. Et de toute façon j’étais pas dupe. C’est le vieux Sam qu’avait compris le manège du couillon de gendre et qui l’avait fait éliminer. Mais il voulait surtout pas que sa Nina sache que c’était lui. C’est pour ça qu’il m’avait confié l’affaire. Pas pour que j’enquête, mais seulement pour que sa fille pense pas une seconde qu’il avait quoi que ce soit à voir dans cette histoire.

J’ai téléphoné au vieux pour lui faire mon rapport :

-          C’est réglé, Sam.

-          Ah ! JJ… je savais que tu m’arrangerais ça.

-          Tu avais mâché l’boulot, faut dire…

-          Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? Ah ! Mon JJ… Je te fais livrer une petite indemnisation à ton bureau dans la journée, d’accord ? Tu es un bon garçon, tu sais ? C’est toi qu’elle aurait dû épouser, ma Nina.

J’avais pas voyagé des masses, dans cette histoire de colombo-machin, mais je m’étais bien fait balader et comme pigeon, je me posais là.

 


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29 octobre 2009 4 29 /10 /octobre /2009 11:58


Petite nouvelle en deux épisodes écrites avec une contrainte de genre (Polar) et un thème : Pigeons voyageurs.


 

J’étais pas trop sûr que c’était une si bonne idée d’aller voir le vieux Sam en prison. Y aurait une trace de ma venue et j’étais prêt à parier que ce qu’il avait de si important à me demander allait être du genre à flirter avec l’illégalité. Mais j’étais toujours plus ou moins en dette avec lui depuis qu’il avait sauvé ma licence de privé.

-         Ah ! JJ ! Tu es venu !

Je détestais qu’il m’appelle JJ. Mon nom c’était Jérôme et j’avais aucun besoin d’un surnom aussi ridicule. JJ… ça faisait « Ginette ». J’aurais pu le tuer rien que pour ça. Sauf qu’on tue pas le vieux Sam quand on veut pas mourir soi-même. Alors je me suis contenté de lui sourire poliment.

-         Bien sûr que je suis venu, Sam. Alors, comment ça se passe, ici ?

-         Oh… ça va, ça va. Tu sais, à mon âge, hein, j’attends juste que le temps passe.

Je sais pas si c’est pour moi qu’il disait ça ou pour les oreilles qui traînaient, mais il était de notoriété publique qu’il dirigeait toujours la plupart de ses affaires depuis sa cellule.

-         Alors Sam, dis-moi, qu’est-ce que j’peux faire pour toi ?

-         Ah, JJ… c’est mon gendre…

-         Celui qui t’a balancé ?

-         Ce fils de pute, oui.

-         T’aurais pas dû menacer d’le tuer !

-         Mais il savait bien que je l’aurais pas fait ! Ma Nina est folle de ce couillon !

-         Mouais… passons. Alors, qu’est-ce qui lui arrive ?

-         Il a disparu.

-         Et t’as quelque chose à voir là-dedans ?

-         Non ! Que veux-tu que je fasse, d’ici, mon pauvre… Et à mon âge en plus…

Il recommençait son numéro. Il devait s’entraîner souvent, il était bon. J’ai poursuivi :

-         Ben qu’est-ce que ça peut t’faire alors ?

-         C’est ma Nina. Elle m’a appelé en larmes… Ah ! ça m’a crevé le cœur, JJ, tu sais ? Ma pauvre Nina… Elle veut que je l’aide à le retrouver, son couillon.

-         Elle a pas prévenu la police ?

-         Si, mais tu les connais, hein… Ils disent que pour un homme adulte et quelques pigeons crevés ils vont pas ouvrir une enquête.

-         Ouais, en même temps… il a pas pu juste se tailler ?

-         Il aurait pu laisser sa femme, mais pas ses pigeons.

-         C’est quoi c’t’histoire de pigeons ?

-         Ce couillon est colombophile.

-         Hein ?

-         Colombophile.

-         Ça veut dire qu’il est sexuellement attiré par Columbo ? Hé hé…

-         T’es con. Il élève des pigeons.

-        

-         Ben oui, me regarde pas comme ça ! C’est pas moi qui l’ai épousé, hein, et Dieu sait si j’ai essayé d’la dissuader, ma Nina !

-         Des pigeons ?

-         Des pigeons.

-         Et il leur apprend à éviter les bus ?

-         Mais non, c’est des pigeons voyageurs.

-         Tu déconnes ?

-         Même pas !

Je regrettais pas d’être allé le voir, le vieux Sam, finalement. D’une, son affaire était a priori complètement légale – même si l’argent avec lequel il proposait de me payer était tout ce qu’il y a de plus sale – et de deux j’étais pas opposé à l’idée de travailler pour les beaux yeux de Nina. Le fait de la savoir mariée à un colombo-machin-chose la rendait bien un peu moins sexy, mais on a tous nos petits défauts.

Le gendre, le vieux Sam le détestait. Il prétendait que c’était parce qu’il était stupide – ce qui était vrai – mais je pense que c’était surtout parce qu’il était honnête et avait toujours refusé de mouiller dans les combines du beau-père. Il n’avait dû son salut qu’à l’amour incompréhensible que lui portait Nina et celui que vouait Sam à sa fille.

Nina. Même les yeux rougis et gonflés par les pleurs, elle était jolie. Elle m’est littéralement tombée dans les bras quand elle m’a reconnu. En larmes, à se lamenter sur son pauvre couillon de colombo-truc qu’avait disparu. A elle aussi j’ai demandé s’il avait pas simplement pu partir, mais elle a répondu comme son paternel :

-         Il aurait pu me laisser moi, mais pas ses pigeons ! Et viens voir un peu si ça te fait penser à un mari volage…

Je l’ai suivie sur le toit et j’ai découvert là-haut un spectacle aussi surprenant qu’écœurant. Des dizaines de pigeons étaient disséminés ici et là, par terre et dans les cages restées ouvertes et le sol était couvert de sang.

-         Ça saigne tant que ça un pigeon ?

J’ai compris ma maladresse quand elle s’est remise à sangloter en criant :

-         Tu veux dire qu’ils l’ont… ils l’ont…

-         Non, non ! Je veux rien dire du tout.

J’en profitai pour la serrer de nouveau dans mes bras, ses seins lourds contre ma poitrine, et c’est à ce moment là que je me suis aperçu qu’il manquait une patte à tous les pigeons. Et nulle part je ne voyais de pattes orphelines. Elles avaient disparu. Envolées, si j’puis dire. J’ai pensé à un genre de rite vaudou ou un truc comme ça, mais en me souvenant de la tronche du gendre et de sa colombophilie, je m’suis dit que ça collait pas. J’ai demandé à Nina si elle avait une idée de ce que ça pouvait signifier et elle m’a expliqué que chaque pigeon avait à la patte une bague avec l’adresse et le téléphone de son propriétaire, au cas où quelqu’un en trouverait un égaré. C’était les pattes baguées qui avaient été coupées. Je voyais pas bien ce que le tueur de pigeons pourrait faire de dizaines de bagues avec les coordonnées du couillon, mais ça rendait l’affaire effectivement louche.

J’ai proposé à Nina de l’aider à nettoyer le merdier – le fientier ? – ce qui me donnerait un peu de temps pour réfléchir à la meilleure façon de démarrer cette enquête.



                                                                                              La suite, ici.


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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 22:13

 

Ça faisait une paie que j’avais plus eu l’occasion de vraiment m’intéresser à une enquête en dehors du bourbier dans lequel je m’étais enlisé gratos pour les beaux yeux de ma Lulu(1). Une sordide histoire de meurtre avec mari volage, pute au grand cœur, mère maquerelle peu scrupuleuse, veuve enceinte pas vraiment terrassée par le chagrin et gros industriel véreux aux méthodes mafieuses ou assimilées(2). Tout ce petit monde avait été mon monde jusqu’à l’écœurement, mais j’ai finalement croisé la veuve avec son gosse et les choses se sont assez vite démêlées : le gamin était aussi noir que feu son père supposé était blanc. Du coup la jeune veuve commençait à avoir un bon profil de suspect. Au moins autant que son exotique prof de fitness. Même le fric du paternel véreux de la jolie maman a pas suffi à lui sauver les miches. Affaire réglée. J’allais pouvoir reprendre les choses sérieuses, comme mes beuveries chez Gégé qu’avaient drôlement pâti de cette foutue histoire et puis surtout des clients payants, parce qu’avec tout ça j’étais plus très en fonds.

J’hésitais entre aller au bureau avant ou après m’en être jeté un ou deux chez Gégé quand le gonze m’est littéralement tombé dessus, balancé d’une bagnole qu’a filé trop vite pour que j’aie même le temps de penser à relever le numéro. Au premier coup d’œil, j’ai eu l’impression que le nez du type avait pour ainsi dire explosé dans sa chute, même si je l’avais sacrément amortie. En y regardant de plus près, j’ai reconnu Norbert, un des poivrots de chez Gégé. Et son nez était juste comme d’habitude, gros et couperosé grâce aux bons soins de Gégé, qui l’arrosait sans mégoter depuis un bon paquet d’années. A tel point que le voir sur ce trottoir et pas accoudé au comptoir me laissait comme deux ronds de flan. Il a craché un truc qu’il avait dans la bouche et a gueulé :

-          Où qu’il est Gégé ?

Ouais, c’était bien Norbert, pas de doute… J’ai ramassé ce qu’il avait craché, une lettre froissée en boule avec écrit « à fleur de mots » sur l’enveloppe. Le Norbert avait déjà repris ses esprits et entrait chez Gégé, titubant à cause de sa chute. Il ressortirait à pas d’heure, requinqué mais toujours titubant, sans l’ombre d’un doute. Du coup j’ai coupé court à mes hésitations et j’ai filé aussi chez Gégé. Pas que les déboires du Norbert m’intéressaient vraiment, mais un gars que j’avais jamais vu décoller ses fesses du bar, se faire balancer comme ça d’une bagnole… et puis cette lettre étrange… déformation professionnelle oblige, fallait que j’creuse. Et que j’boive un coup.  Le temps que j’arrive le Norbert était déjà avachi dans sa position habituelle au bout du bar et Gégé était déjà en train de le resservir. J’ai salué Gégé et les autres alcoolos et je suis allé m’installer près du Norbert :

-          Alors Norbert, qu’est-ce qui t’es arrivé ?

Il a tourné son visage vers moi, j’ai cru qu’il allait me répondre mais il a juste roté. Il avait les yeux dans le vague et paraissait déjà loin.

-          Y a un souci ?

-          Non, Gégé… c’est juste que le Norbert s’est fait balancer d’une bagnole direct sur mézigue et j’aimerais bien savoir c’qui s’est passé.

-          T’as recommencé à faire chier ta femme, Norbert ?

-          Arrête tes conneries Gégé, il est pas marié !

-          Ben si qu’chuis marié, y croit quoi l’jeunot ? Que passqu’il est détective de mon cul y sait tout sur tout l’monde ?

A peine finie sa phrase le Norbert a replongé son nez dans son verre. J’ai regardé Gégé avec suffisamment d’incompréhension dans les yeux pour qu’il explique sans que j’aie à demander.

-          Ouais, pour être exact, il est plus vraiment marié, mais il l’a été. Elle l’avait déjà quitté quand il a commencé à venir ici, alors ça date pas d’hier, quoi…

-          Et de temps en temps elle le balance de sa bagnole à toute berzingue ?

-          Nan, c’est pas ça. Enfin si, en quelque sorte… Ça lui prend de loin en loin de vouloir la faire chanter…

-          Rien que ça ?

-          Hé hé… ouais, il est con ce Norbert !

-          Et il la fait chanter avec quoi ?

-          Ben en fait il menace de tuer le chien si elle revient pas.

-          Il a un chien ?

-          Non, son chien à elle. Mais le clébard est mort y a des années…

-          C’est elle qui te l’a dit ?

-          Non, lui, mais il s’en souvient jamais. Alors de loin en loin… il est con ce Norbert !

-         

-          Ah… sacré Norbert.

-          Mais c’est quoi ça ?

-          Fais voir… Ah ! Le con… C’est le nom de sa femme.

-          Quoi donc ?

-          Ben « Fleur », elle s’appelle Fleur… il a jamais su son nom de famille et encore moins son adresse depuis qu’elle s’est remariée. Il sait juste qu’elle habite à Meaux.

-          à Meaux ? Et il adresse ses menaces « à Fleur de Meaux »… ?

-          Hé hé… j’t’ai dit, il est con ce Norbert !

-          Mais t’as vu comment il a écrit Meaux ?

-          Ouais ben regarde-le : tu trouves qu’il a l’air d’une lumière ?

-         

-          J’t’en remets un ?

J’étais pas exactement tombé sur l’affaire du siècle. C’qui empêchait pas d’l’arroser, vu comme elle avait été vite et bien résolue, mais l’allait vite falloir que j’trouve un client sérieux si je voulais pouvoir régler mon ardoise à Gégé.

 

 

 

Variation autour du thème des Impromptus littéraires « A fleur de mots ».

 

 



Et pour ceux qui sont trop fans de moi, mais pas depuis assez longtemps pour connaître John MacDermott, voilà de quoi combler cette lacune (et vous permettre de tuer un peu de temps, par exemple en cas d’ennui au bureau ou d’insomnie) :

 


(1) La naissance de MacDermott et consorts :  Lulu

(2) Histoire (inachevée et décousue…) en plusieurs épisodes, nés au fil des ateliers d'écriture :

1 - Le dilemme de Madame Suzanne 

2 - La lettre de Fanfan

3 - John MacDermott n’est pas le mauvais bougre

4 - John MacDermott flaire l'embrouille

 

Et si vous aimez les jolies histoires de Noël :

 
John Mac Dermott sauve Noël    et   Le Noël de Lulu



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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 08:10


funambule incertain d’un monde qu’il rend beau

poète baladin qui vit à fleur de mots

il a le vers badin la rime coule à flots

qu’il se sente chagrin ou d’humeur de cabot

 

son âme de papier d’encre noire est couverte

son cœur y est posé sa plume est à la fête

ligne à ligne enragée sa vie nous est offerte

d’une strophe apaisée redeviendra diserte

 

tour à tour coléreux émouvant drolatique

quelquefois ténébreux et souvent romantique

il n’est jamais verbeux encore moins apathique

 

d’un poème ou d’un chant il touche droit les âmes

il aime à tous les temps et sensible à ses charmes

j’aime par tous les temps ses rires et ses larmes



le pouêt préf', c'est par là 





Ecrit pour les Impromptus littéraires sur le thème "A fleur de mots".


 

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24 octobre 2009 6 24 /10 /octobre /2009 18:26



Et me voilà de nouveau seule alors… il y faudra un faux linceul encore, celui-là si beau, qui s’effeuille à l’aurore. Il recouvrira mes épaules, si nues privées de tes bras, masquera comme un khôl, ténu, mes pleurs et mes faux-pas.

J’en parerai mes tristesses, y cacherai mes faiblesses, retrouverai tes caresses. Il me sera le voile derrière lequel montrer mes fausses joies vitales, mes amères vérités.


Et quand tu reviendras le vent l’emportera.




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23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 10:00

 

Bonjour mon ange… comment vas-tu ?...

Tu ne dis rien ?... Non, d’accord, ne dis rien si tu préfères. Mais, tu m’entends, hein ?... Oh amour… j’espère que tu te sens mieux… Tu ne m’en veux pas d’être venue, j’espère ? Tu sais, c’est difficile pour moi aussi… je ne voulais pas, j’attendais que tu reviennes, mais… j’ai essayé, tu sais ? je voulais vraiment attendre. Au début, ça allait. J’étais contente que tu décides de prendre soin de toi. Pour toi, mais aussi pour nous… je tenais en me disant que c’est un homme tout bien réparé que je retrouverais ! hin hin… J’arrivais même à me dire parfois que tu le faisais aussi pour moi. Tu le fais aussi pour moi ?... hm… je sais plus trop maintenant. Je ne sais plus rien. Ça fait si longtemps… La dernière fois que quelqu’un m’a comme ça… comment dire ?… cassé dans les doigts ? mouais… tu vois ce que je veux dire, hein ?... c’était y a plus de dix ans. Le jour où il a décidé d’aller mieux, il a tout fait pour et tu sais quoi ?... une fois remis et enfin en état de… vivre, en fait, ben il s’est mis à en profiter… à aimer, à sortir, à s’amuser, à se détendre. Chouette, hein ?... et le meilleur, c’est que c’est avec une autre qu’il a vécu sa nouvelle vie d’homme tout neuf. Alors tu comprends… depuis tout ce temps que tu es là… je ne sais pas. Je commençais à me dire que toi aussi, peut-être… enfin tu vois. Je sais bien que tu n’es pas comme ça, amour. Je le sais… Si j’avais pu avoir des nouvelles autrement, j’aurais pu t’attendre encore, tu sais ? Mais personne veut rien me dire… personne. Toi tu peux pas, je sais, c’est normal, je comprends… Mais les autres… personne ! Tu me connais, hein, tu sais que je suis pleine de ressources… ça oui, tu sais. Mais personne n’a voulu me dire… ils croient que tout ça est ma faute, c’est ça ? Ils veulent que tu retrouves ta vie d’avant quand tu iras mieux ? Ils espèrent que je vais abandonner ? Ils me connaissent pas, hein ?... Tu souris ?... T’es beau quand tu souris.

T’as drôlement maigri on dirait… moi t’as vu ? j’ai grossi. Depuis que t’es parti… ouais, on s’en fout, t’as raison… Ils te donnent beaucoup de médicaments ?... c’est à cause de ça que tu parles pas ?... A quoi ça sert de t’empêcher de boire si c’est pour te droguer autant ?... Mais tu m’entends, au moins ?... Oh mon ange… qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?... Je suis pas médecin mais je trouve pas du tout que t’as l’air d’aller mieux. Tu vas mieux ?... Tu peux pas me dire ?... Je me faisais une telle joie d’entendre ta voix… J’écoute tes chansons sans arrêt, tu sais ?... mais c’est pas pareil. Et je voulais voir tes yeux aussi. Tes yeux quand je peux y voir combien tu m’aimes… mais là je n’y vois rien, mon ange… J’ai même pas l’impression que toi tu me voies, en fait. Tu me vois ?... hm… tu es là, mais tu as l’air tellement loin… Je m’attendais pas à ça.

Tu sais quoi ? T’es mon ange… mon ange à moi… n’est-ce pas ? Rien qu’à moi. Comme moi je ne suis qu’à toi… toi et moi, hein ? Tu te souviens ?... tout contre… Alors je vais t’emporter avec moi, hein ? Mon ange… mon ange… Attends… là… je prends l’oreiller… voilà, allonge-toi, tu seras mieux. Tu es mieux, là ?... Ah la la… voilà, je pleure… je m’étais promis d’être solide, tu sais ?... Je te demande pardon… mais tu m’as vue souvent comme ça, hein ?... Ah non ! non… ne pleure pas, toi ! Non… ça va aller maintenant… tu vois, je suis là. On va partir ensemble, mon cœur… toi et moi. Comme avant. Mon ange.

Pardon…

Je t’emporte vraiment avec moi, tu sais… en moi. Comme avant… Toi en moi… Tu souris encore !... ça m’arrache le cœur, mais c’est mieux, n’est-ce pas ?... oui. Allez… donne-moi tes lèvres amour… une fois encore.

Je t’aime.





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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 08:34

 

 

 

la belle princesse tête-en-l’air

n’aimait vraiment rien tant que faire

de jolis bouquets roses et verts

cueillis dans les bois et clairières

 

par une journée de promenade

entre cueillette et rigolade

à la route elle ne prit pas garde

et se trouva dans la panade

 

« aïe aïe aïe me voilà perdue »

pleura-t-elle sur un talus

« cette forêt m’est inconnue

qui m’aidera je n’en peux plus »

 

c’est alors qu’arriva Pin-pin

qui n’est pas du tout un lapin

mais un ravissant ourson brun

se promenant sur le chemin

 

la princesse tête-en-l’air ravie

devant lui très vite jaillit

« bonjour pardon monsieur merci

comment puis-je donc sortir d’ici ? »

 

l’ourson curieux la regarda

et délicieuse la trouva

de sa patte il lui prit le bras

                                                                           et l’amena à son papa

 

                                                                           papa ours fit une drôle de tête

                                                                           il n’en croyait pas ses mirettes

                                                                           bien mignonne était la filllette

                                                                           GLOUP ! il n’en laissa pas une miette

 

 



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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 22:47

faut-il être trop fière

pas assez ou si peu

et mettre en bandoulière

son cœur faute de mieux ?

 

faut-il être bien folle

d’amour ou de chagrin

pour accepter l’obole

d’un chantre ou d’un vaurien ?

 

faut-il être stupide

ou bien désespérée

pour se croire insipide

et tant se négliger ?

 

faut-il être de pierre

pour aimer sans souffrir

s’éloigner de l’enfer

des tristes gris sourires ?

 

il faudrait être une autre

pour devenir aimable

se faire bon apôtre

de ses amours minables.

 

 

 

 

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