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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 00:52

 

Dimanche, 2 heures et quelques un matin de fin d’automne à Paris.

Les bars ont fermé et ceux qui ne se sont pas vidés au profit des boîtes de nuit du coin ont déversé leur clientèle plus ou moins enivrée sur les trottoirs. Les bouches de métro ont tiré leurs grilles et les rares bus de nuit me sont encore trop peu familiers pour que je tente l’aventure. Un vélo ? Oui… mais non. Je sais à peine où je suis, il fait super froid, je suis en manches courtes sous mon manteau léger et surtout je n’ai pas de gants. Alors je rejoins la foule des chalands à l’affut d’un taxi libre.

Le taxi libre aux heures de fin de sortie dans les rues parisiennes est une denrée rare. Et chère. Et généralement mal lunée, allez savoir pourquoi… Le taxi parisien de nuit s’en colle généralement plein les poches, n’hésitant pas à refuser qui semble avoir trop bu ou qui habite dans un coin où la clientèle risque d’être un peu trop rare pour lui éviter un retour à vide. Il se laisse même aller, parfois, à l’application évidemment interdite de la course au forfait, s’octroyant ainsi un bonus sur le dos du fêtard fatigué qui veut rentrer chez lui… Mais malgré ça il est souvent malpoli et grincheux.

Rapidement découragée, j’ai quitté une station bondée où l’on voyait de tout sauf des taxis et j’ai commencé à marcher, plus ou moins en direction de chez moi, en suivant une grande artère et en espérant pouvoir attraper au vol un taxi miraculeux.

Et c’est là que l’inespéré s’est produit : à peine partie je suis tombée sur un taxi libre et disposé à m’emmener… où je voudrais. Il n’a même pas demandé où j’allais avant de me laisser monter. Je l’aurais bien embrassé, mais faut pas pousser quand même.

Je lui ai donc indiqué ma destination et l’ai écouté d’une oreille distraite, mais polie, m’expliquer sa façon à lui de travailler, tellement plus professionnelle et consciencieuse que celle de ses confrères. Comment lui n’arnaquait jamais le client, ne lui faisait jamais payer un détour qui n’était pas nécessaire, acceptait même les courses « hors zone », emmenait n’importe qui n’importe où, trouvait tellement normal que quelqu’un qui sort faire la fête puisse rentrer chez lui à n’importe quelle heure sans se ruiner ni attendre des heures une bonne âme qui voudra le prendre malgré une alcoolémie généreuse ou une adresse lointaine…

Pour un peu je me serais laissé aller à une effusion de remerciements chaleureux et sincères, alors même qu’il allait d’ici peu me délester probablement d’une petite vingtaine d’euros. Arrivée à bon port, 17,80 € au compteur. Je sors un billet de 20 et là, mon merveilleux taxi généreux et dévoué me dit le plus naturellement du monde que bon, il n’a pas la monnaie, hein ?

J’ai eu un instant de flottement.

Et puis l’instant est passé. Entre-temps il avait empoché mes 20 €. J’ai tiré au maximum la ceinture de sécurité et, effet de surprise aidant, il n’a pas du tout réagi quand je la lui ai passée autour du cou et que j’ai commencé à serrer.

J’aime pas qu’on se foute de ma gueule.


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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 23:39

 

Je suis pas très porté sur les fêtes religieuses. Pas plus sur les fêtes de famille. Faut dire que d’famille j’en ai pas vraiment eu quant à la r’ligion, tout c’que j’en connais c’est les coups d’trique qu’on r’cevait chez les jésuites quand j’étais minot et à part dans l’dos ça m’a pas trop marqué. Mais Noël… j’sais pas. Noël c’est… j’sais pas. J’aime bien les décorations, les lumières partout, l’odeur des sapins… Habituellement, c’est sous une aut’ forme, que j’l’offre à mes clients, l’sapin. Mais à Noël, y m’vient des envies d’générosité et d’grandeur d’âme. J’sais pas pourquoi. En plus, là, la cliente, j’l’ai ramenée comme elle était en sortant du rade où elle bossait, avec sa robe verte, ses collants rouges et son bonnet à grelots. A chaque fois qu’elle bouge la tête, ça fait gling-gling et ça m’donne envie d’chanter « minuit chrétien ». J’sais même pas d’où j’la connais, cette chanson. En attendant, c’est son jour de chance à la donzelle.

-          C’est ton jour de chance.

Elle m’a r’gardé avec l’air de pas m’croire. J’y aurais p’t’êt’ pas cru non plus à sa place. Je m’suis levé et j’ai ouvert la porte de la bicoque. Rien que le noir de la forêt tout autour. Même pas de lune. Ouais… une sacrée chance, qu’elle avait.

-          Ouais, une sacrée chance, que t’as.

C’était l’premier cadeau d’Noël que j’faisais cette année. Rien que quelques mots. Mais un putain d’beau cadeau ! J’ai posé l’flingue, j’l’ai détachée.

-          File. J’te laisse 5 minutes d’avance.

 

Elle a même pas dit merci.

 

 

 

 

Ecrit pour le Défi du samedi : « Tout le monde est assez riche pour offrir des MOTS en cadeau ! Quels MOTS choisiriez-vous ? A qui les offririez-vous ? »

 

 

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 00:49

-          On arrose que’qu’chose ?

-          Mon anniversaire.

-          C’est aujourd’hui ?

-          Nan, c’était hier.

-          Ben pourquoi qu’on a pas bu hier alors ?

-          T’as pas bu hier, toi ?

-          Bah si, nan, mais j’veux dire… tu vois, quoi.

-          Hm…

-          Ben pourquoi alors ?

-          Ben pass' que j’étais pas là, tiens !

-          T’étais pas là ?

-          Tu m’as vue ?

-          J’sais pas, quand ?

-          Ben hier.

-          Où ça ?

-          Ici.

-          Ben j’sais pas… T’es v’nue ?

-          Ben non.

-          Ah bah j’ai pas dû t’voir alors.

-          Nan… sans doute pas, nan.

-          Et qu’est-ce qu’on arrose, là ?

-          J’sais pas.

 

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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 14:00

Manipuler avec soin, éviter les gestes brusques

Ne pas secouer, ne pas poser à l’envers

Alimenter régulièrement

Ne pas brancher sur le secteur

Conserver à température ambiante (couvrir si température ambiante inférieure à 15°C)

Laver régulièrement (sans emballage)

Changer régulièrement l’emballage

Laisser reposer en cas de baisse de régime (aussi souvent que nécessaire durant les premiers mois d’utilisation)

Ne pas exposer à de fortes sources de chaleur

En cas d’épanchement, colmater

En cas d’épanchement persistant, contacter le service technique

Faire réparer dans les meilleurs délais en cas de dysfonctionnement

Ne jamais essayer d’ouvrir ou de réparer vous-même

 

Oh la la… qu’est-ce que j’vais faire de c’truc ? Puis c’est quoi l’embrouille ? C’est Saint-Nicolas qu’a posé ça là ? Le Père Noël qui prend d’l’avance ? J’savais pour les cigognes, les roses et les choux, mais si tout l’monde s’y met c’est l’bordel !

 

 

 

Ecrit pour les Impromptus littéraires : « Un cadeau vous arrive avant Noël accompagné de son mode d'emploi des plus obscurs ».

 

 

 

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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 00:19

Non, je n’ai pas grossi, non. Je me surveille. Et je fais du sport. Oh non non non… je les vois venir tes sarcasmes ! Ma vie n’est pas que privations et efforts. Du tout du tout. Je me fais plaisir à table, mais je ne me goinfre pas. Et j’aime le sport. Ce qui me rend très différente de toi, oui. Forcément, vautrée à longueur de journée sur ton canapé à regarder des séries débiles en t’empiffrant de chips, tu ne pouvais pas non plus espérer rester jeune et belle très longtemps. Mais soyons honnêtes : tu n’étais déjà plus très affriolante avant de choisir de te laisser aller. Oui, oui, je sais... La grossesse, le corps déformé, torturé, massacré… oui oui. Et la déprime, je sais. Mais n’espère même plus me faire culpabiliser. Pas plus pour ta décrépitude que pour la ruine de ton couple. Des enfants, moi ? Allons… tu penses vraiment que je pourrais croire ne serait-ce qu’un seul instant que tu me souhaites autre chose que devenir comme toi ? Ne me prends pas pour plus stupide que je suis. De toute façon il n’est pas question que je coure le moindre risque. Ne souris pas, va, je ne parle pas du risque de perdre ma ligne. Encore moins du risque de perdre mon mari. Il n’y a bien que vous deux pour avoir des choses aussi abjectes à l’esprit. Le mien est normal. Il ne me délaisserait pas pour sa fille. En revanche, tu sais mieux que moi que le dernier avortement que j’ai dû subir s’est mal passé et qu’une nouvelle grossesse serait dangereuse : c’est toi qui as signé tous les papiers à l’hôpital. Avant de me ramener à la maison et de dire à papa de mettre une capote désormais. Alors non, je n’ai pas grossi, non, maman. Et tant que tu me feras l’affront de rester en vie, je me ferai un devoir de rester mince.

 

 

 

Inspiré par ce texte de monsieur maximus, lui-même inspiré par… oui, bon, ben allez voir chez lui, hein !


 

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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 17:23


pour ma mini-poune

 

 

 

-          ne bouge pas mon petit bout

tu vas voir ce n’est rien du tout

et tu auras un roudoudou

quand j’en serai venue à bout

 

-          hmpf…

 

-          allons allons tout doux tout doux

ne t’énerve pas petit chou

il faut chasser ces vilains poux

sinon tu le sais ça rend fou

 

-          hmgnhgn…

 

-          chhhhht calme-toi mon choubidou

ne pleure pas sur mes genoux

sois sage et tu auras un sou

si on les enlève d’un coup

 

-          hmm heu heu hu héhihé…

 

-          mais qu’as-tu enfin mon doudou ?

tu aimerais garder tes poux ?

allez tu auras un bisou

et un énorme calinou

 

-          heu peu pu hépihé !

 

-          mais quoi à la fin mon chouchou ?!

 

-          haaaahaaaahouuuuuf !  je pouvais pu respirer !

 

 


 

Tableau : Pieter de Hooch, mère épouillant son enfant

 


 

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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 01:05


 


ma blondinette

est bien coquette

toute rigolote

elle est crognote

et elle minaude

elle est finaude

câline aussi

et trop jolie

mais la maligne

est bien coquine

si elle te mord

hop-la t’es mort

 


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5 décembre 2009 6 05 /12 /décembre /2009 06:00

 

la carrière que je souhaite embrasser un jour

a ton regard doux et surtout tes lèvres rondes

je suis sûre d’être absolument faite pour

et d’ailleurs à cet effet je ne suis pas blonde

 

je saurai me montrer inventive ou lascive

entreprenante, réservée ou bien fougueuse

je peux pour te plaire être tendre ou agressive

utile, agréable, très sérieuse ou joueuse

 

je sais aussi sans réserve m’amouracher

aimer avec passion en pleine déraison

m’offrir avec bonheur et n’être plus qu’à toi

 

d’amour et d’eau fraîche je peux me sustenter

faire à chaque collation le plein d’émotions

n’hésite donc pas l’affaire est sûre, prends-moi !

 



Ecrit pour le Défi du samedi : « écrire une lettre de motivation pour un nouveau métier, sans préciser lequel – à deviner par les autres ».



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4 décembre 2009 5 04 /12 /décembre /2009 00:00




Il me regarde.

Qui d’autre ? La rue est déserte et je suis la seule cliente. De toute façon il ne s’en cache pas vraiment. Au point que ça m’aurait sans doute paru inconvenant s’il n’avait pas été joli garçon. Mais pourquoi est-ce qu’il ne m’aborde pas à la fin ?... Je ne suis pas mécontente d’avoir mis cette robe. Finalement la journée ne sera peut-être pas si mauvaise. En général, quand ça commence comme ça, ça va de mal en pis, mais peut-être que pour une fois… J’ai bien fait de m’arrêter ici. Je reprends un café ou non ? Je suis bien, là. Le soleil matinal est tout ce qu’il y a de plus agréable et sentir ce regard charmant qui revient sans cesse sur moi n’est pas pour me déplaire. Mais s’il ne se décide pas… Vu comme il me regarde, il n’a pourtant pas l’air bien timide. Un peu nerveux peut-être. Moi non. Je suis même étonnamment calme. Pourtant, une engueulade de bon matin avec cet emmerdeur de gardien, la voiture qui n’a pas voulu démarrer, les kilomètres que j’ai dû parcourir à pieds pour rater quand même LE rendez-vous important de la semaine et finalement me perdre en chemin en essayant d’aller au rendez-vous suivant, il y avait de quoi m’énerver sérieusement. A croire que l’âge me rend philosophe. L’âge et le fait que le hasard m’a conduite ici et que s’y trouve ce charmant jeune-homme qui ne me quitte pas des yeux. Une aventure avec un inconnu… voilà qui transformerait radicalement la journée !

 

Elle doit partir.

C’est pas possible autrement. Elle va tout faire foirer. Des mois de boulot foutus en l’air et plusieurs vies menacées si elle sort pas ses fesses de là vite fait ! Putain… qu’est-ce que je peux faire ? Ils ont sûrement déjà des gars en place, je peux pas lui parler ils vont penser qu’il y a embrouille. Ils le pensent sûrement déjà… Mais qu’est-ce qu’elle fout là ? Il n’y a jamais personne ici avant 11 heures. Jamais. Et cette conne était là avant moi. Comment c’est possible, ça ? En plus ça fait un moment qu’elle a fini son café. Pourquoi elle part pas ? Elle va tout faire foirer. A moins qu’elle soit avec eux ? Un piège ? Un éclaireur ? Peu probable… Ils auraient pas non plus pris le risque de jouer aux cons dans cette histoire. Le hasard. Seulement le hasard. Putain on avait tout prévu ! Tout. Des mois à gagner leur confiance. A nous introduire un par un, à nous faire accepter, à les amener à conclure ce deal. Mais un rien les fera lâcher l’affaire. Ou pire. Pourquoi on n’a pas pensé à ça ?... Parce qu’il n’y a jamais personne ici d’habitude. Jamais. Comment un plan si parfaitement préparé peut-il se transformer en fiasco ? Putain… à cause d’une donzelle qu’a rien d’autre à foutre que siroter un café pendant des plombes ! C’est pas possible une tuile pareille. Pourvu qu’ils n’en tiennent pas compte. Il faut qu’ils viennent. On me redonnera pas de sitôt les moyens de les serrer. Et j’ai deux gars encore dans leurs rangs. Si ça foire ils vont morfler. Qu’est-ce que… ?!

 

Fusillade au sunlight café.

C’est en milieu de matinée hier qu’a éclatée l’impressionnante fusillade qui a secoué tout un quartier, d’ordinaire très paisible. Les rares témoignages évoquent des hommes « sortant de nulle part » et « tirant en tous sens ». La fusillade a fait de nombreuses victimes, parmi lesquelles quatre policiers en civil dont on ignore encore ce qu’ils faisaient sur les lieux, deux membres influents d’une importante organisation criminelle ainsi que le patron du café et une cliente, tous deux inconnus des services de police.

 

 



Ecrit pour Kaléïdoplumes : écriture sur image (E. Hooper – Sunlight in a Cafeteria).

 

 

 


 

 

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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 09:19

 

Quand j’ai reconnu ton écriture, amour, mon cœur s’est emballé. Mes mains en tremblaient d’émotion en serrant le papier contre ma poitrine. Tout ce temps sans nouvelle et enfin m’arrivait un peu de toi ! J’ai bien failli déchirer ta lettre en même temps que l’enveloppe dans ma hâte de te lire. Mes doigts, fébriles, n’arrivaient pas à déplier les feuilles et j’ai bien cru perdre la raison en même temps que mon combat contre ces pages ! Je me suis efforcée de contrôler mon excitation pour pouvoir enfin me délecter de tes mots.

J’avais si peur depuis tout ce temps que tes sentiments se soient taris, que tu aies effacé de ton esprit cette folie que semblait être notre histoire, que tu aies chassé de ton âme cette passion qui nous portait l’un vers l’autre. J’étais tellement terrifiée à l’idée de ne lire que quelques mots froids et définitifs, un adieu à peine poli, une excuse impersonnelle.

Mais quel bonheur ce fut ! Cette façon qui n’appartient qu’à toi de me dire ton amour et de compter sur le mien pour tenir, ces phrases courtes et chantantes qui sont à mon âme comme autant de vers fabuleux… Ah ! Bonheur que de t’aimer et d’être aimée de toi ! J’ai relu ces lignes jusqu’à les connaître par cœur et t’entendre presque me les dire toi-même. Si je ferme les yeux je peux te voir me les chanter, me les danser, me les montrer avec tes yeux, avec tes mains, avec ta peau contre la mienne et nos cœurs à l’unisson.

 

Cette lettre, amour, je ne l’ai jamais reçue. Tu ne l’as jamais écrite. Je ne sais pas ce qu’elle aurait contenu. Mais je suis sûre qu’elle aurait été plus belle encore que tout ce que j’ai déjà cent fois imaginé. Je suis sûre qu’elle m’aurait donné mille fois raison de t’aimer encore et plus fort toujours et aveuglément sans doute. Je suis sûre qu’elle m’aurait fait le cœur léger et l’âme en fête. Je suis sûre.

 

Je suis sûre.

 

 

 

Re-variation autour du thème de la semaine des Impromptus littéraires : « Vous avez reçu une lettre… ».


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