Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 20:17

 

La dernière fois qu’il m’est venu une idée farfelue, elle revêtait les atours chimériques d’un conte de fée. Elle respirait l’amour, elle promettait des lendemains qui chantent et elle avait des allures de toi et moi jusqu’au bout du monde. Elle avait le goût de la guimauve à la rose et collait un peu comme la confiture pêche-abricot. Elle me faisait l’âme tendre et le cœur fondant. Elle ne m’avait pas du tout donné l’impression d’être farfelue.

Depuis le jour où j’ai dû admettre qu’elle l’était, j’en pleure le souvenir.

 

Ma prochaine idée farfelue, sûr, je m’assois dessus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ecrit pour les Impromptus littéraires sur le thème "une idée farfelue".

  

  

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 21:53

 

- Mais les histoires que tu racontes à mini-poune, c'est quel genre ?

- Ben... c'est genre des histoires, quoi. Pourquoi ?

- Non, je sais pas, comme ça... parce qu'avec les trucs que t'écris...

- Quoi les trucs que j'écris ?

- Rien, non, juste, je me disais...

- Quoi donc ?

- Je sais pas... t'as pas peur que ça puisse avoir un effet... je sais pas... bizarre, sur mini-poune ?

- Pourquoi tu dis ça ?

- ...

- ...

- Non, pour rien.

 

 

  crane.jpg

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 01:01


- Un meurtre a été commis dans la maison jaune !

 


Un lourd silence s’est abattu dans le bistrot quand le type est entré en gueulant ça à la cantonade. Et puis, petit à petit, les rires ont commencé à s’élever. Des rires francs, des rires un peu nerveux pour ceux qu’étaient pas assez habitués – ou pas assez bourrés, même si c’était souvent les mêmes – mais surtout des rires polis. Depuis le temps qu’il se faisait des blagues idiotes avec cette maison, on en avait déjà eu de bien meilleures et surtout de plus originales : celle-ci avait bien dû être faite déjà deux-cents fois. Il en fallait plus désormais pour émouvoir l’assemblée. Le dernier qu’avait réussi à aiguiser un peu la curiosité des moins blasés d’entre nous, c’est le vieux Gus quand il avait annoncé qu’y avait une partouze dans la maison jaune, mais c’était pas loin d’une décennie avant sa mort et ça faisait pas loin d’une décennie qu’il était mort, autant dire qu’on n’avait pas la curiosité trop sensible. Le silence est vite revenu et les conversations ont repris tranquillement. La mienne en tout cas, jusqu’à ce que Joseph vienne me taper sur l’épaule :


- Y a le blagueur qui voudrait aller à la police.
- Prochaine à droite en partant vers l’église.


Joseph, c’est le propriétaire du bar. Le troisième homme, comme on l’appelle. Le premier c’est le maire, le deuxième le facteur et le troisième c’est lui, le tavernier. Moi je viens un peu derrière, mais quand même un peu avant le curé, ça fait toujours bien plaisir. Joseph avait pas bougé dans mon dos :


- Qu’est-ce tu veux qu’il aille foutre à ton bureau vu qu’t’es là ?
- Qu’est-ce qu’il veut ?
- Ben tu l’as pas entendu ?
- Si, mais ça va, j’ai déjà ri, c’était pas non plus la blague de l’année, hein !
- Il dit que c’est pas une blague.


La maison jaune, y avait jamais eu personne qu’avait connu personne qui l’aurait vue autrement que comme elle est maintenant, avec ses murs jaunes et ses jolis petits rideaux de dentelles. Et y avait jamais eu personne qu’avait connu personne qu’avait pas répété ce que tout le monde en disait toujours, que des rideaux à travers lesquels on voit tout, ça cache sûrement quelque chose… Mais y avait surtout jamais eu personne qu’avait connu personne qu’était allé y jeter un œil, derrière ses rideaux qu’on voyait tout à travers. Alors depuis bien avant que les vieux d’avant que ce soit nous les vieux deviennent vieux, il se faisait des blagues sur ce qui pouvait bien se passer dans cette foutue maison jaune. Bon : moi je suis pas encore vraiment un vieux, vu que je suis toujours en activité, mais disons que j’ai la retraite en ligne de mire et que je commence à m’entraîner à faire comme les vieux, notamment au niveau de l’assiduité chez Joseph.
Quoi qu’il en soit, une autre chose qu’était assez sûre avec cette maison jaune, c’est qu’il ne s’y passait foutrement jamais rien. Comme j’ai déjà dit, on n’est pas très affutés au niveau de la curiosité par ici, mais s’il y avait eu du mouvement un jour autour de cette satanée baraque je vous jure bien qu’on n’aurait pas raté ça !
Sur les îles en général et la nôtre en particulier, y a deux types d’habitants : ceux qu’ont de toute façon vraiment rien de mieux à foutre ailleurs et ceux qu’ont des trucs à cacher. Ou du moins à oublier. Et les seconds sont beaucoup plus nombreux. Je le dis sans penser à mal : j’en fais partie, alors je sais de quoi je parle quand je dis qu’on vient là pour pas qu’on nous emmerde et que du coup, on n’emmerde personne. C’est pour ça qu’on n’est pas très curieux. N’empêche que sur une île qui compte moins de trois-cents âmes dont au moins les deux tiers qu’ont quasi-rien à foutre de la journée, curieux ou pas, du mouvement vers la maison jaune ça aurait fait causer. Mais vu que le rigolo s’agitait et commençait même presque à troubler l’ordre public, j’ai fini par aller le trouver. Un touriste, évidemment.


- Capitaine René Girard, gendarmerie nationale, je peux vous aider ?


J’ai entendu des gloussements dans mon dos, y en a que ça faisait toujours marrer que je me présente comme ça… Faut dire que ça arrivait pas souvent et même moi j’avais un peu du mal à le dire sans rigoler, surtout là, vu que j’avais commencé à boire. Le gars m’a dévisagé avec circonspection, à croire qu’il s’attendait à trouver RoboCop sur notre bout de caillou.


- Vous êtes la police ?
- Gendarmerie. Si c’est la police que vous voulez, faudra attendre le bateau de demain matin et aller chercher votre bonheur sur le continent, mais ils vous diront sans doute de venir me trouver.
- Ah. Bien.


Il a dit ça sur un ton qui laissait plutôt entendre qu’il ne trouvait pas ça bien du tout, mais vu que c’était moi ou rien et que s’il choisissait rien je pourrais reprendre peinard ma conversation où il l’avait interrompue, je ne m’offusquais pas plus que ça.


- Vous venez, alors ?
- Ou ça ?
- Et bien à la maison jaune ! Je vous dis qu’il y a eu un meurtre !
- Si je devais me déplacer à chaque fois qu’un farfelu raconte ce genre d’ânerie !


Il m’a jeté un regard aussi noir que sincèrement peiné, comme s’il s’était attendu à tout sauf à ce que je doute de ses allégations. Du coup je m’en suis un peu voulu.


- Bon, dites-moi, comment savez-vous qu’un meurtre a été commis là-bas ?
- Mais parce que je l’ai vu !
- Vous avez été témoin d’un meurtre ?
- Oui ! Non ! Enfin… non. Mais j’ai vu le cadavre.
- Le cadavre ?
- Oui !
- Où ça ?
- Dans la maison jaune, pardi !
- Oh la ! On se calme, s’il vous plaît ! Vous êtes entré dans la maison ?
- Non ! Je l’ai vu par la fenêtre !
- Vous épiez souvent chez les gens comme ça ?
- Non ! Mais… Enfin ! Je vous dis qu’il y a un mort là-bas, enfin ! Et vous vous m’accusez de… de… de quoi d’ailleurs ? De voyeurisme ?
- J’accuse pas, je demande. Et donc vous regardiez par la fenêtre comme ça en passant ?
- Oui. Non ! J’avais posé mon vélo contre le mur et en revenant le chercher j’ai vu…
- Un cadavre ?
- Voilà.


Le type avait l’air suffisamment agité pour que son histoire soit vraie. Disons qu’au moins il y croyait vraiment. Il avait dû avoir peur de son ombre, mais je ne pouvais pas ne pas tenir compte de ses déclarations. Je suis donc passé à mon bureau prendre ma lampe-torche et mon arme et on est allé à la maison jaune.


- Bon, c’est à quelle fenêtre que vous avez vu votre mort ?
- Celle de gauche. Mais vous n’appelez pas de renforts ?
- Je fais aussi office de cavalerie. J’appellerai du monde quand il y aura lieu. Pour le moment j’ai les déclarations non vérifiées d’un inconnu. A cette heure, pour faire venir du monde du continent… Croyez-moi sur parole : vaut mieux être sûr et certain qu’il n’y a vraiment pas moyen de faire autrement.
- Ah.
- Et puis je suis pas tout seul.
- Ah ?
- Ben non, y a vous.


J’ai cru qu’il allait faire sous lui alors j’ai vite levé le doute :


- Je plaisante, je plaisante. Vous ne bougez pas de là. S’il se passe quoi que ce soit qui vous paraît anormal vous retournez chez Joseph et vous leur dites d’appeler les renforts.
- OK.
- Ne vous en faites pas, ce n’est sûrement rien.
- Il y a un mort, c’est pas rien.
- Hm… ne vous en faites pas.


Il avait tellement la trouille qu’il arrivait presque à me faire peur aussi. J’ai allumé ma lampe pour rendre un peu moins épaisse l’obscurité qu’aucun lampadaire ne dérangeait par ici et je me suis approché de la fenêtre que le touriste m’avait indiquée. J’avais l’impression de transgresser une règle ancestrale en allant coller mon visage et ma lampe à cette fenêtre. Je me sentais mal à l’aise et je n’aimais pas du tout l’espèce de fourmillement qui commençait à me titiller la poitrine. La dernière fois que j’avais ressenti ce genre de malaise… Connerie ! Allons… je n’avais qu’à jeter un œil rapidement et rassurer mon péquin avant qu’il n’aille se plaindre à ma hiérarchie.
J’ai balayé rapidement l’intérieur de la pièce et je n’ai rien remarqué. Du moins rien qui ressemble à un cadavre. Je me suis retourné vers le touriste en levant mes paumes en l’air pour lui signifier que je n’avais rien vu. Il m’a fait de grands gestes frénétiques et incompréhensibles. Une fois qu’il s’est arrêté j’ai demandé :


- Quoi ?


Il a eu l’air dépité et m’a répondu en chuchotant.


- J’entends rien !


Il a eu un geste d’agacement et il a fini par traverser la route en trottinant pour venir me dire :


- De ce côté, derrière la grande table, dans l’angle de la pièce !


Et il est reparti aussi sec, la trouille au ventre. Je n’avais pas envie de regarder une nouvelle fois. Le picotement dans ma poitrine s’était intensifié en scrutant l’intérieur de cette foutue maison jaune. Je n’y avais pas vu de cadavre, mais je n’y avais pas vu non plus de chaises bancales et de meubles branlants recouverts de poussière et de toiles d’araignée. C’est pourtant bien ce qu’on devrait trouver dans une maison dans laquelle il ne s’est jamais rien passé de mémoire d’homme, non ? Le touriste me faisait encore de grands gestes incompréhensibles, alors j’ai ignoré le picotement de plus en plus présent dans ma poitrine et j’ai braqué de nouveau ma lampe vers l’intérieur de la maison, cette fois directement là où mon rigolo disait avoir vu son macchabée. Je voyais bien l’angle du mur dans l’ombre, mais point de corps. L’ombre. L’ombre de quoi ? Je bougeai ma lampe pour essayer d’identifier ce qui projetait cette ombre sur le mur et j’ai fini par comprendre que c’était une tache, pas une ombre. Une tache qui aurait pu être la tache de sang laissée par un homme abattu ici, ai-je pensé, pour être exact. J’ai aussitôt éteint ma lampe et rejoint mon mariol de l’autre côté de la route.


- Y a rien.
- Mais enfin je vous dis…
- Y A RIEN !
- OK… Quelqu’un a dû bouger le corps.
- Mais enfin !
- Ecoutez, je sais ce que j’ai vu ! J’ai quand même pas rêvé !
- Il y a une tache, OK ? Vous avez vu une tache !
- …
- …
- Une tache de quoi ?
- Mais qu’est-ce j’en sais, bordel !


J’étais sur le point de passer mes nerfs sur lui et de lui coller une mandale, ce qui, pour le coup, ferait tache sur mon dossier. A deux doigts de la retraite, bon sang, c’était pas le moment de craquer.


- Vous devriez entrer voir.
- Vous ne devriez pas essayer de m’apprendre mon boulot.
- Je préviendrai la police si vous ne le faites pas.


Je le savais, qu’il me ferait chier jusqu’au bout. Je le savais. A ça de la retraite, bon sang… De toute façon, évidemment que j’allais y aller, dans cette turne de malheur, c’était mon boulot, mais rien que de formuler cette pensée, ma poitrine s’est remise à me démanger.


- Vous avez… peur ?
- Eh ! J’étais gendarme que tu tétais sans doute encore ta mère, OK ?
- OK. Je vous attends ?
- Vous avez autre chose à faire ?
- Non.
- Bon. S’il se passe quoi que ce soit…
- Oui, oui. Joseph.
- Bien. J’y vais.
- OK.


Je suis retourné vers la maison et je suis passé devant toutes les fenêtres en scrutant l’intérieur avant de me planter devant la porte d’entrée. Je n’avais pas l’impression que mon cœur tambourinait : il vibrait. Je n’aimais pas ça du tout. J’ai frappé à la porte en m’annonçant, c’est l’usage, et ça m’a un peu détendu d’imaginer les rires idiots des gars au bistrot en m’entendant faire ça devant la maison jaune. Comme ça répondait évidemment pas, j’ai tourné la poignée. Je ne sais pas si j’espérais que la porte serait ouverte ou fermée. Elle était ouverte. Je l’ai poussée et l’odeur m’a submergé. J’ai tourné la tête comme si ça pouvait suffire à ne plus la sentir. Je suis resté comme ça un moment sans doute, parce que j’ai fini par m’apercevoir que j’avais le touriste dans mon champ de vision et à la façon dont il s’agitait je devinais qu’il avait dû commencer depuis un moment. Il était en nage. Je lui ai fait un petit signe et je suis entré dans la maison, le cœur au bord des lèvres et la poitrine maintenant douloureuse. L’intérieur n’avait rien à voir avec ce que je m’étais imaginé.
Le mobilier était minimaliste, mais propre et la maison était manifestement entretenue. C’était plus propre ici que chez moi, à l’exception de cette tache sombre sur le mur. Et il y avait cette odeur. J’ai parcouru l’ensemble des pièces du rez-de-chaussée, un salon, une cuisine et une salle à manger, et en dehors de deux autres tâches semblables à la première je n’ai rien vu. De la vaisselle était en train de sécher sur l’évier. Je me sentais sur le point de m’évanouir. Je me suis approché de l’escalier qui menait à l’étage et j’ai gravi quelques marches, mais je n’ai pas eu le cœur à aller plus haut. L’odeur s’intensifiait. Cette odeur que j’étais venu oublier sur cette île battue par les vents. Cette saloperie d’odeur qui malgré vingt ans déjà d’oubli me réveillait encore toutes les nuits en hurlant. Cette putain d’odeur de mort. Il m’a suffi de passer devant la porte de la cave pour deviner que le pire n’était sans doute pas à l’étage, mais bien là en bas, sous cette satanée maison jaune. J’ai jeté un œil au jardin avant de ressortir et, dans l’obscurité, je n’ai rien deviné d’autre au faisceau de ma lampe qu’un grand carré de terre retournée.
Je suis ressorti. En fermant la porte, j’ai pris une profonde inspiration, pour me décrasser un peu les poumons et me donner le temps de retrouver un semblant de contenance. Je suis retourné vers le touriste en espérant que je ne traînais pas dans mon sillage cette odeur affreuse et je l’ai rassuré :


- Bon, tout va bien. Voyez, j’ai fait tout le tour, hein, y a rien. Rien de rien. Et personne. C’est cette tache, là, qu’a dû vous induire en erreur…
- Vraiment ?
- Oh, vous en faites pas, ça arrive. Et les vieilles maisons abandonnées, ça paraît toujours bien un peu hanté, hein ?


J’ai ponctué ma phrase d’un rire qui sonnait terriblement faux à mes propres oreilles, mais qui a semblé détendre mon guignol qui a ri à son tour.
L’affaire en est restée là. Ma retraite est enfin arrivée et je suis désormais vieux de l’île à temps plein. Mais j’ai compris une chose maintenant : je pourrais tout aussi bien aller me planquer sur la lune pour oublier que ça n’y changerait foutrement rien. Il ne se passera plus une nuit, jusqu’à ma mort, sans que je me réveille en hurlant à cause de cette putain d’odeur.

 

 


 

 

 

 

Sur une nouvelle provocation (involontaire ?) de Joe Krapov, qui photographie aussi des maisons jaunes.


 

 

 

Partager cet article
Repost0
23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 20:48

 

Les gosses l’appelaient le cambrioleur d’enfants.

Difficile de savoir d’où ça venait, ils tenaient tous ça d’un autre qui le tenait d’un autre. Il y avait sans doute à l’origine un parent inquiet, suspicieux ou simplement malveillant. Quoi qu’il en soit, son apparition dans le square créait immanquablement un certain émoi parmi les mômes, qui adoraient se faire peur en racontant des histoires rocambolesques autour du personnage et de tous les enfants qu’il aurait emmenés.

Il était vieux et se déplaçait à tout petits pas rapides, vêtu hiver comme été d’un long manteau gris passé qui commençait à frotter par terre à mesure que ses épaules s’affaissaient. Il avait un sourire en permanence accroché aux lèvres, sous des yeux qu’on devinait pétillants derrière les verres épais de ses lunettes. Il venait tous les jours au square à peu près à la même heure, quand les enfants sortaient de l’école et prenaient possession des bacs à sables et toboggans. Il saluait les autres vieux sur leurs bancs, le gardien, les mamans et les nourrices qui l’ignoraient superbement, et il s’installait sur le muret qui encadrait l’aire de jeux où s’égayaient les enfants, pour qui il achetait chaque jour un sachet de bonbons.

Il est mort un jour dans ce square d’un arrêt cardiaque, sous les hurlements d’une mère et les pleurs d’un enfant qui venait de se faire confisquer le bonbon que le vieux lui avait donné.

Tout le monde s’attendait à ce qu’on découvre enfin des horreurs cachées chez le vieux. Au lieu de ça, ils ont trouvé une petite chambre d’enfant abandonnée depuis quelques décennies à la poussière et remplie de sachets de bonbons plus ou moins moisis. Et dans le salon un véritable autel à la mémoire d’une belle jeune-femme, sa femme, morte en couches avec le bébé qu’elle mettait au monde plus d’un demi-siècle plus tôt. Aucun indice, en revanche, permettant d’étayer la théorie du vieux pervers kidnappeur d’enfants.

Tout le quartier a continué de raconter quand même l’histoire fameuse et terrifiante du cambrioleur d’enfants.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 22:00

 

Une histoire de dingue.

J’avais à peu près tout envisagé, mais ça… Bien ma veine, tiens ! Ce con de clébard qui m’avait jamais servi à rien pendant toutes ces années, et voilà qu’à ça de crever enfin, il avait fallu qu’il fasse le premier effort de sa vie et aille déterrer cette saloperie d’os au fond du jardin ! Et tu crois qu’c’est à moi qu’il l’aurait rapporté ? Douze ans que j’le remplis d’pâtée et d’croquettes et ça a même pas la reconnaissance du ventre, ces foutues bestioles ! Il est allé direct chez l’voisin poser sa trouvaille sur son paillasson. En échange d’un sucre. Un sucre ! Douze ans d’croquettes, UN sucre. Pis il est pas allé chez l’voisin que j’suis pote avec, hein, non… il est allé chez l’nouveau, çui qui m’regarde de haut derrière ses lunettes, avec son foulard… Quand il est arrivé, avec mon pote on l’a invité au premier match de n’importe quoi qu’y a eu à la télé, pour descendre des bières et manger des pizzas, mais il est venu avec un genre de gâteau de fiotte pour le dessert et une bouteille de pinard… du blanc ! Un gâteau d’tarlouze et du jaja d’gonzesse ! Pis il est pas resté longtemps parce que soi-disant que j’sais pas quoi, mais j’crois surtout qu’il voulait pas trop s’mélanger, quoi… Alors on y a fait un peu la conversation quand même, mais surtout pour se foutre de sa gueule. Le mec, on y d’mande son métier, et v’là qu’il nous sort de l’archéo-j’sais pas quoi et qu’avant qu’on ait l’temps d’se moquer il nous balance du « comme Indiana Jones ! », comme si on savait pas c’que c’était un archéo-truc ! Alors on l’a plus invité, hein…

Et ce connard de clebs qu’est allé poser l’os de MON jardin sur SON paillasson ! J’ai pas eu l’temps d’réagir que l’archéo-chose avait d’jà fait main basse sur mon os. C’te poisse, quand même ! Un vrai putain d’os de dinosaure dans MON jardin, tu l’crois, ça ? De quoi plus que largement rembourser douze ans d’boîtes de ce satané clébard, et lui il a fallu qu’il aille le coller sur le paillasson d’la chochotte archéo-mon cul ! J’te raconte pas l’bordel qu’ça a été… Une colonie d’scientifiques et d’journaleux prêts à prendre mon pauvre bout d’jardin d’assaut ! J’ai dû batailler ferme pour les maintenir à l’écart le temps d’m’arranger… Pas une mince affaire ! L’a fallu faire intervenir des avocats, rapport à mon jardin qu’est à moi et que j’voulais pas qu’ils me l’mettent en vrac pour un putain d’dino mort ! Pis c’était surtout histoire de gagner du temps et de tirer un aussi bon prix que possible de mon jardinet avant d’mettre les bouts. J’ai trouvé un genre d’allumé d’la préhistoire qui m’a filé une vraie fortune et zou, je m’suis carapaté, sans c’putain d’cabot qu’était venu foutre la merde dans mon train-train.

La suite, je l’ai suivie de loin, depuis mon bungalow sur la plage… ça, des os, on peut dire qu’ils en ont trouvés. Pas un seul autre du soi-disant dinosaure, mon archéo-trouduc de voisin était apparemment pas un crack, mais tous les autres. Ils ont pas identifiés encore tous les corps. J’leur enverrais bien une carte pour leur dire, mais je voudrais pas risquer qu’ils me retrouvent ici… Je m’y suis bien habitué, finalement, à ma vie de glandeur de plage.

Le sable, c’est un peu pourri pour enterrer mes victimes, mais la mer, avec les courants qu’y a dans l’coin, c’est nickel ! J’bazarde les corps un peu au large et y en a encore pas un dont j’ai entendu reparler.

Des fois, j’culpabilise un peu d’avoir laissé l’clebs à l’archéo-raté, parce que finalement, tout ça, c’est quand même bien un peu grâce à lui.

 

 

 

 

 

 

Ecrit pour le Défi archéologique du samedi.

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 00:26

 

Qu’importe le flacon… Sûr que pour ce qui est de l’ivresse, il trouve son compte dans n’importe quel genre de bouteille. Ah ça, il se loupe jamais. Picrate en bouteille plastique, vinasse en cubi… parfois du vrai bon vin, les jours où il a les moyens de pas être obligé de vomir après… mais de toute façon, c’est toujours bourré qu’il finit.

Certains soirs il s’est payé une pute ou il a sauté une greluche de son boulot avant d’aller s’acheter ses boutanches et de rentrer, alors moi je peux en profiter pour me payer le luxe d’un semblant de normalité à la maison : il se contente de téter son pinard sans trop m’emmerder et je peux regarder la télé ou même téléphoner à ma mère et faire comme si notre vie était juste ordinairement chiante.

Mais à force de faire, il a plus la tronche de ses vingt ans, il a bouffi et rougi, alors les minettes à sauter se font de plus en plus rares et de moins en moins consentantes… il en paie bien toujours une de temps en temps et des fois je sais bien qu’il demande pas vraiment, mais au final c’est souvent plein de rage à déverser qu’il rentre... Moi j’essaie bien de lui dire de boire d’abord, je me dis toujours que s’il recommence dès qu’il arrive il va m’oublier et s’oublier dans son jaja, mais j’ai rarement le temps de lui faire la suggestion avant qu’il m’allonge le premier coup. J’ai essayé de boire moi aussi, au moins pour mieux supporter les branlées, mais quand il m’a vue téter à sa bouteille il m’a mis une rouste comme jamais et m’a pissé dans la bouche pour l’étancher, ma soif, comme il a dit. Quant à partir… la fois où j’ai essayé il est venu me chercher chez ma copine. Il m’a cognée jusqu’à ce que je perde connaissance et elle, il l’a violée avant de me sauter aussi pendant que j’étais encore dans les vapes. J’ai supplié ma copine de pas appeler les flics sinon il aurait pu nous tuer toutes les deux et depuis, je supporte.

Hier, il est rentré déjà bourré. Je sais pas où il avait bu, mais j’ai pris ça pour un bon signe et je me suis tout de suite détendue en pensant qu’il chercherait pas à se défouler sur moi s’il avait déjà en bouche le goût de l’alcool : il voudrait juste continuer à picoler. En fait, je sais pas ce qu’il avait bu, mais c’était sûrement bien meilleur que d’habitude parce qu’il était tout joice et au lieu de s’ouvrir sa bouteille il a commencé à me patouiller et à vouloir me baiser. Moi je suis habituée à ce qu’il me prenne de force, ou quand je dors. Ou quand il m’a collée dans les vapes. Alors hier, ses minauderies et ses tripatouillages, ça m’a levé le cœur. J’ai eu la gerbe et j’ai pas pu me retenir de vomir et ça l’a mis dans une colère noire. Il m’a pas frappée, mais j’aurais préféré. Il voulait baiser et il a baisé. Je savais même pas que c’était possible de souffrir autant de partout après s’être seulement fait sauter.

Je croyais que ma vie se terminerait un jour sous ses coups et qu’en attendant je supporterais tout. J’avais tort. Aujourd’hui, c’est moi qui suis allée acheter du vin. Pour l’ivresse je sais pas, mais j’ai bien fait attention au choix du flacon. Quand il est rentré, je lui ai pas laissé le temps de quoi que ce soit et je lui ai fracassé la lourde bouteille en verre sur le coin de la gueule. Il est tombé dans la flaque de pinard et de sang et avec le tesson que je tenais encore je lui ai tranché la gorge.

Il avait pas acheté de bouteille avant de rentrer. A la place il avait un bouquet de roses avec une carte qui disait « pardon mon amour ». Il voulait peut-être changer… On aurait peut-être finalement pu être heureux, comme au début. Je suis bien la salope qu’il disait, tiens !

J’ai toujours ce tesson… on s’habitue à la douleur, je n’ai rien senti en m’ouvrant les veines. J’aurais pourtant bien mérité… Mon amour… pardon.

 

 

 

 

 

Ecrit pour les Impromptus littéraires sur le thème du vin...

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 01:11

 

Quand le type m’a parlé de son affaire, j’ai d’abord cru à une mauvaise blague de Gégé ou d’un des alcoolos qui font pilier dans son rade. Après, vu qu’il voulait régler un acompte substantiel, je l’ai pris pour un doux dingue et j’ai senti poindre la culpabilité dans l’hypothèse où je ferais fi de son état mental apparemment sujet à caution pour prendre son argent et son affaire farfelue. Et puis quand, face à mon hésitation, il a ajouté un zéro sur le chèque avant de sortir un larfeuille débordant de plus de billets que je n’en avais jamais vus d’un coup en me demandant si je préférais du liquide, je me suis dit qu’on parlait là de sommes qui méritaient bien que je fasse l’effort de supporter une pointe de culpabilité.

-          A l’ordre de Jean-Marc de la Motte, le chèque.

-          Vous n’êtes pas John Mac Dermott ?

-          Si, si… c’est mon nom d’emprunt pour enquêter incognito…

C’était surtout mon nom de frimeur sur ma clinquante plaque dorée à la porte de mon agence de détective privé. Je n’avais pas poussé jusqu’à ouvrir un compte à ce nom.

-          Oh !... Mais vous ne devrez pas me tuer maintenant que je le sais ?

-         

Ouah… je sentais poindre de nouveau la culpabilité. Je l’ai bien observé pendant qu’il signait son chèque, mais non, il ne plaisantait pas.

-          Vous êtes mon client maintenant. Je vous dois le secret professionnel et j’espère en retour pouvoir vous faire confiance, sinon…

-         

J’ai eu l’impression de lui avoir fait un peu peur, alors j’ai ri pour le détendre. J’étais tellement à sec en ce moment que même Gégé tiquait un peu pour allonger mon ardoise, alors je préférais éviter de perdre cette manne. Il a ri aussi en se demandant sans doute bien pourquoi et il est parti, le regard brillant de tout l’espoir qu’il plaçait en moi. Et un espoir avec autant de zéros, j’avais presque sincèrement envie de pas le décevoir.

Je suis donc allé le jour même à l’endroit qu’il m’avait indiqué pour découvrir, je cite, « le sens caché du message » qu’essayait soi-disant chaque jour de lui transmettre par des signes qu’il n’arrivait pas à interpréter une donzelle dont il m’avait donné une photo floue. Mais même floue, la jeune-femme de la photo était manifestement et indiscutablement de la catégorie de ces femmes qui n’ont strictement rien à gagner à être vues avec les yeux de l’amour. Quand je l’ai vue nette et en chair et en os à l’entrée du parc dans lequel elle semblait avoir ses habitudes, j’ai compris la fascination qu’elle pouvait exercer sur mon allumé de client et sur les hommes en général et j’ai détourné le regard le temps de reprendre mes esprits. Ma Lulu aurait pu me crever les yeux, rien que pour ne plus jamais revoir se poser sur une autre femme qu’elle le regard avec lequel je venais de dévorer l’objet de mon enquête.

Mais j’ai beau être homme, je n’en suis pas moins détective pour autant et le professionnalisme a très vite repris le dessus ; j’ai filé la fille le temps de sa balade parmi les parterres de fleurs du parc. J’ai pris des photos et quelques notes sommaires sur son parcours, ses temps de pause et les gens à qui elle parlait.

J’ai recommencé le lendemain, puis le surlendemain, matin et soir, sans découvrir quoi que ce soit me mettant sur la voie de ce que mon client avait bien pu prendre pour un message. Je l’ai donc appelé pour lui faire part de mes conclusions pour le moins modestes, mais en voyant les photos que j’avais prises son visage s’est illuminé :

-          Formidable ! Vous avez les preuves ! Et vous avez tout mis dans l’ordre ?

-          Hein ?

J’ai parfois la répartie cinglante.

-          Oui, son message ! Comment n’avais-je pas pensé… vous êtes extraordinaire !

-          Hin hin… Allons, je n’ai fait que mon métier…

Je n’avais pas la moindre idée de ce dont il me parlait, mais puisqu’il semblait convaincu que si, je n’ai pas voulu le contredire. Le client est roi. Du coup il s’est senti en droit de me poser la question fatale :

-          Et alors ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

-         

Ma répartie cinglante met parfois un peu de temps à trouver le moyen de s’exprimer et encore une fois il a merveilleusement interprété mon hésitation :

-          Il vous faut plus d’argent ? Oui, bien sûr, suis-je bête ! Comme si le langage des fleurs était à la portée du premier couillon venu…

-         

-          Oh ! Pardon, excusez-moi, je ne voulais pas dire… enfin…

Je n’ai rien dit, autant parce que j’aimais assez qu’il se confonde en excuses pendant qu’il sortait ses billets que parce que j’étais abasourdi par l’information qu’il m’avait donnée : ainsi donc il pensait qu’elle lui adressait un message codé par les fleurs qu’elle regardait ? J’hésitais entre le trouver drôle ou pathétique. Il n’en restait pas moins un vrai mystère derrière cette histoire, outre celui des méandres de l’esprit tortueux de mon client : qu’est-ce qui pouvait bien pousser la belle à effectuer tous les jours, matin et soir, ce même parcours, dans le même sens, à heure fixe ?

J’ai empoché la rallonge que me tendait l’allumé et j’ai décidé d’aller au bout de cette affaire. J’ai photographié non plus la fille, mais les fleurs supposées être le message envoyé à mon farfelu. J’ai ensuite montré ma récolte à ma Lulu qui, gratuitement, m’a dit tout ce qu’elle savait de ce que ça pouvait vouloir dire. Et elle en savait des choses… Avec la carrière florissante qu’elle avait eue au bordel, elle en avait eu plus souvent qu’à son tour, des bouquets lourds de sens !

Mais c’est sans surprise que le parcours de la promeneuse s’est révélé semé de mots doux… les fleurs qui disent la haine, le dégoût ou le mépris sont somme toute assez peu fréquentes semble-t-il. C’est ainsi qu’elle aurait pu dire à mon client au romantisme débridé qu’elle aspirait à son amour quand elle s’attardait devant les glycines. Qu’elle était inquiète en passant devant les crocus, mais remplie d’espoir à la vue des jonquilles. Elle aurait ensuite sorti le grand jeu de la séduction en utilisant savamment les marguerites avant de déclarer ouvertement sa flamme avec une tulipe. J’ai fait revenir mon client pour lui faire part de cette interprétation possible, mais surtout pour lui annoncer ce que j’avais malheureusement appris de la bouche même de la belle : le seul amour qui lui faisait respecter chaque jour ce même rituel était l’amour des fleurs. Elle était botaniste.

 

 

 

 

Très largement inspiré et totalement illustré par Joe Krapov.

  

 

 

 

Partager cet article
Repost0
18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 09:34

  défi

 

Bon sang ! C’est donc pour ça que ce crétin pue des pieds ? Mais alors… alors… la mauvaise haleine de sa mère… n’était-ce pas qu’elle lui léchait les pieds ? Etait-ce vraiment à cause de ce foutu frometon ? Damned… et moi qui l’ai répudiée avant de condamner son benêt de fils à l’exil !

 

 

 

 

Ecrit pour le Défi du samedi : d'après l'image de Thiphaine.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 00:50

 

Il était une fois une petite fille sale, mais sale !

Elle faisait toujours la comédie pour prendre sa douche. Elle reniflait comme un porc et refusait de se moucher. Quand elle mangeait elle mettait de la nourriture partout.

Sa maman lui disait : « si tu ne deviens pas plus propre, tu vas finir par te transformer en cochon ! »

 

 fille-cochon1.jpg

 

 

La petite fille riait et continuait d’être sale, mais sale !

Et puis un jour… sa peau commença à rosir. Son nez se changea en groin. Ses oreilles devinrent pointues. Ses jolis petits petons se transformèrent en sabots. Et il lui poussa même une queue en tire-bouchon !

 

Sa maman, bien triste, la confia à une famille cochon. La petite fille put alors se rouler dans la boue, s’en mettre partout en mangeant et jouer à faire le plus de bruit possible en reniflant ! Plus de douche, plus de mouchoir, plus de dispute ! Une vraie belle vie de cochon !

 

 

  

 

 

 

Mais… mais ce que n’eut plus jamais non plus la petite fille, ce sont les câlins-bisous tout doux de sa maman chérie.

 

 cochon.jpg

 

 

Partager cet article
Repost0
13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 14:00

 

c1028mCe n’est pas parce que c’est l’Ascension que vous êtes obligés de vous sentir légers, c’est pourquoi je vous encourage à aller faire une petite visite courtoise aux Amuses Gueulent : sur une gentille invitation de Martine Frangipane et Bertrand Gigot, je leur ai livré en toute impudeur le secret, jusqu’ici jalousement gardé, de mon inénarrable joie de vivre.

 

Je parle bien entendu de ma fameuse recette du bonheur.

 

Je ne saurais trop vous conseiller, quand vous serez là-bas, d’en profiter pour flâner un moment et découvrir les perles culino-littéraires qui s’offrent aux lecteurs exigeants et aux papilles sensibles.

 

Bonne lecture et bon appétit.

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

C'est Qui ?

  • poupoune
  • Je suis au-dessus de tout soupçon.
  • Je suis au-dessus de tout soupçon.

En version longue

   couv3-copie-1

Recherche

J'y Passe Du (Bon) Temps