Parmi les nombreuses facettes de ma personnalité et les divers traits de caractère qui font cette femme tout à la fois troublante, mystérieuse, inquiétante parfois, mais aussi incroyablement simple et d’abord facile que je suis, il en est deux qui, s’ils ne suffisent certainement pas à dire toute la complexité de mon être profond, ténébreux, mais aussi joyeux – car, comme le disait cet auteur fameux : « Toutes celles que je suis sont là en moi, tu vois » – il est donc, disais-je, deux caractéristiques qui résument assez bien une large part de mes actes : je suis bordélique, au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer, et l’argent me brûle les doigts. Pas la peine de m’en donner, il sera dépensé aussi sec. Enfin si, d’ailleurs, donnez-m’en (vous pouvez me contacter via ce blog pour obtenir les modalités d’envoi de vos dons), mais n’attendez pas de moi que j’en remplisse un bas de laine. Ou même une socquette de coton. Et encore moins les coffres d’un banquier rapace, avide de la moindre piécette qu’il pourrait grappiller au fond des poches des pauvres hères que nous sommes avec nos quatre sous et nos innombrables et incommensurables besoins. Non. Soyez tranquilles : tout l’argent que vous me donnerez sera consciencieusement et efficacement dépensé.
Et on notera en passant qu’au moins je n’ai pas le temps de perdre mon argent (ou le vôtre) dans mon bordel.
Toutefois, il est amusant – si si, vous allez voir – de constater quel type de dépense va me plonger dans une longue et intense réflexion et quel autre, en revanche, me donnera autant de mal que la décision d’aller pisser pendant la pub. Je suis ainsi capable de me payer un voyage au bout du monde sur un coup de tête, mais je peux surseoir l’achat d’un lot de strings en coton uni, deux achetés le troisième à moitié prix, pendant des semaines.
Il s’agissait en l’occurrence de chaussettes, pour dire le vrai, mais j’ai mis strings pour attirer les lecteurs en quête de fesses.
Bref.
Ainsi donc, j’ai longuement hésité à débloquer les fonds pour le renouvellement de mon stock de chaussettes. Pourtant, l’achat n’était pas totalement déraisonnable : j’avais récemment déploré la disparition mystérieuse de deux chaussettes dépareillées dans ma machine à laver et deux autres, assorties ni entre elles, ni avec les disparues, avaient clairement dépassé le seuil d’usure acceptable pour une chaussette. J’étais un brin surprise de n’avoir qu’un si maigre stock et je ne désespérais pas totalement de retrouver l’une au moins des disparues au lavage, mais il a bien fallu me résoudre malgré tout à envisager l’achat de nouvelles chaussettes.
Pour l’anecdote, entre le moment où le besoin a été identifié et la dépense officiellement admise comme incontournable, j’ai acheté plus de livres que je ne pourrai en lire dans l’année, autant de places de spectacles et deux vibromasseurs, alors que je n’ai qu’un seul… non, ça c’est pour la déconne (et les lecteurs en quête de fesses de tout à l’heure). Bref : je n’ai pas particulièrement regardé à la dépense sur grand-chose sur la période, mais les chaussettes… ah la la, j’ai hésité, hein…
Mais j’ai donc quand même fini par en acheter. Au Monop’ en bas de chez moi, une folie, deux fois deux paires même pas en promo, un truc de dingue.
Et tant qu’à faire dans les trucs un peu fous, le soir même j’ai entrepris du rangement. Bon : rien de spectaculaire, n’allez pas non plus vous imaginer des choses extravagantes, hein, mais j’ai décidé de m’attaquer à un sac qui trainait dans la cuisine depuis mon dernier voyage. Certains d’entre vous se souviennent peut-être avoir croisé ici des photos dudit voyage et, oui, ça date un peu, oui. Ce qui donne une idée de ce qui a pu s’accumuler d’autre, depuis, dans mon joyeux bordel. Mais là n’est pas le propos. Ainsi donc j’ai décidé que je ne voulais plus voir traîner ce sac et je l’ai vidé pour le ranger.
Et vous ne devinerez jamais ce que j’ai retrouvé dedans.
Je dispose donc désormais d’un stock de chaussettes qui me met à l’abri de cette dépense à la trivialité écœurante pour à mon avis au moins deux ans.
Il y a des jours, comme ça, où l’ironie de la vie vous ouvre grand les portes de la sagesse et vous donne une grande leçon.
Et des jours, non.